« Pour traiter une dysfonction érectile en 2019, il ne suffit plus de prescrire un traitement, il faut aussi prendre en compte le partenaire », recommande le Dr Rosa Carballeda, médecin sexologue à Grenoble, thérapeute de couple, présidente de la Fédération française de sexologie et de santé sexuelle.
Le rôle des partenaires est en effet important dans le déclenchement ou le maintien de la dysfonction érectile de l’homme et le facteur conjugal influe aussi sur la motivation sexuelle du couple. « Il ne faut pas sous-estimer l’importance des conflits dans le couple, ni l’importance des situations d’adultère dans la fréquence de survenue d’une dysfonction érectile », souligne le Dr Carballeda.
Et en dehors d’une mauvaise entente de couple, l’absence ou l’insuffisance de communication peuvent aussi être des facteurs influençant la dysfonction érectile. « En outre, une partenaire non motivée ou elle-même en souffrance dans sa sexualité fera obstacle à la bonne marche du traitement », pointe la spécialiste. Pour orienter la prise en charge, il suffit de poser trois questions simples : depuis quand ? Avez-vous toujours des érections conservées dans certaines situations, matinales ou autre ? Est-ce que votre partenaire souffre de la situation ? Et est-elle (il) désireuse d’une prise en charge ?
Détresse chez l’individu
« La définition de la dysfonction érectile, quant à elle, n’a pas changé : c’est l’incapacité d’obtenir ou de maintenir une érection suffisante pour permettre une activité sexuelle satisfaisante. La durée fait partie de la définition », insiste le Dr Carballeda. Il existe des critères supplémentaires. Elle doit soit être installée depuis plus de 6 mois, soit être éprouvée dans presque toute ou toutes les occasions (approximativement 75 à 100 % des cas) d’activités sexuelles. Enfin, les symptômes provoquent une détresse cliniquement significative chez l’individu. « C’est d’ailleurs sur cet élément d’impact personnel sur l’individu que la classification DSM-5 grade la sévérité du trouble et non en fonction du degré de rigidité du pénis », signale la spécialiste.
La dysfonction érectile est un symptôme très fréquent, dont la prévalence augmente de façon régulière avec l’âge. « Une nouvelle notion est apparue, c’est la vulnérabilité, au cœur de la dysfonction érectile. Cette vulnérabilité est fréquemment d’ordre organique, notamment chez les patients atteints de maladies chroniques, comme les maladies cardiovasculaires ou le diabète. Chez ces patients, la dysfonction érectile n’est pas seulement un symptôme isolé. C’est fréquemment l’indicateur d’une comorbidité et cela peut aussi être l’élément révélateur de certaines affections (cardiovasculaires, diabète, dépression, troubles mictionnels du bas appareil urinaire, etc.) », met en garde le Dr Carballeda. En outre, la dysfonction érectile peut être à l’origine d’une souffrance importante chez le sujet qui en est atteint avec un retentissement sur le partenaire et le couple, mais aussi sur la vie professionnelle et familiale.
Vérifier la bonne observance du traitement
Il existe différents traitements pour la dysfonction érectile. Les inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 (IPDE5) sont le traitement de première intention : Sildenafil, Vardenafil, Tadalafil ou Avanafil. « L’association d’une prise en charge de type sexo-comportementale à la prescription d’IPDE-5 permet d’obtenir de meilleurs résultats que dans la prescription d’IPDE-5 seuls, recommande le Dr Carballeda. Il convient de vérifier la bonne observance du traitement et de répéter les règles de prescription qui sont souvent négligées par les patients ou interprétées selon leurs peurs ».
En seconde intention, il est possible de prescrire des injections intracaverneuses d’Alprostadil ou l’utilisation d’un vacuum.
Enfin, en cas de résistance aux traitements médicaux, l’implant pénien est une option de troisième ligne fiable, efficace et durable. « Dans un grand nombre de cas, une information éclairée peut suffire à apaiser les craintes sexuelles du patient et à améliorer sa réponse au traitement proposé, observe le Dr Carballeda. Par ailleurs, rappeler l’importance des préliminaires sexuels pour une meilleure excitation chez l’homme comme chez la femme, sera souvent utile », préconise-t-elle.
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