LE PROJET d’accueil individualisé a été créé il y a 10 ans. Mis en place par une circulaire du 10 novembre 1999, il vise à favoriser l’intégration au sein de l’école et dans les structures de la petite enfance, d’enfants atteints de maladies chroniques, parmi eux, les jeunes souffrant d’allergies alimentaires. Le PAI est réalisé, à la demande des parents, et il est rédigé en concertation étroite avec le médecin traitant qui transmet au médecin scolaire tous les éléments nécessaires.
Ce dernier détermine l’aptitude de l’enfant à suivre une scolarité ordinaire et donne son avis sur les aménagements particuliers susceptibles d’être mis en place. Le PAI énumère les allergies dont est victime l’élève, les dispositions à prendre (adaptation du repas collectif par substitution, panier-repas…) pour l’accueillir à la cantine et le faire participer aux différentes activités (goûters, arts plastiques, sorties…) organisées par l’école et enfin, il est assorti d’une ordonnance et des médicaments à prendre en urgence au cas où l’enfant ingérerait par erreur une substance à laquelle il est allergique.
« Le médecin scolaire doit rédiger le PAI en termes clairs et compréhensibles par des non-professionnels de santé », a souligné le Dr Geneviève Richard (direction de l’Action sociale de l’enfance et de la santé).
En effet, il s’adresse à des enseignants et des personnels qui n’ont pas de culture médicale.
Plus de 4 600 PAI à Paris.
« Les dernières statistiques montrent une croissance exponentielle des projets d’accueil individualisé. À Paris, pour 136 400 élèves scolarisés en 2008-2009, il y a eu 4 643 PAI, dont 53 % concernaient des enfants asthmatiques et 23 % des enfants et adolescents porteurs d’allergies ou d’intolérances alimentaires. L’accueil de ces enfants ne pose pas de problèmes particuliers, si on est très rigoureux. La restauration scolaire collective est possible et doit être organisée en fonction de la variété des cas individuels », a déclaré le Dr Richard.
« Il ne faut pas stigmatiser ces enfants qui présentent des allergies alimentaires et certainement être moins stricts que l’on ne l’a été les premières années car les connaissances ont évolué. La formation des différents partenaires doit être actualisée », estime le médecin. Par le passé, en cas d’allergie alimentaire, le régime était rigoureux, strict, excluant pour tous les patients toute quantité même infime de l’aliment. Les travaux récents montrent que bon nombre des régimes prescrits antérieurement étaient inutiles, voire iatrogènes. Le régime doit être adapté à chaque situation : le plus souvent, il est peu contraignant.
Distinguer allergies modérées et graves.
Créé pour faciliter la vie des patients, le PAI a parfois été ouvert comme un parapluie, une arme de protection massive, au détriment de l’accueil de l’enfant. Terrifiés par le risque de choc anaphylactique, parents ou administrations ont volontiers mis sur le même plan des allergies modérées, ne provoquant que quelques urticaires localisées, et des allergies graves. Il convient donc de bien distinguer entre les PAI purement « informatifs » (par exemple un enfant allergique à un aliment peu fréquent, ou à un aliment facilement repérable, comme le kiwi), les PAI qui exigent la mise en place de dispositions spécifiques pour éviter à l’enfant l’ingestion d’aliments courants susceptibles de provoquer des symptômes indésirables et enfin les cas, très rares heureusement, où l’enfant réagit violemment à des quantités infimes d’allergène et où sa vie peut être en jeu. Il faut tout faire pour éviter de marginaliser des enfants qui pourraient parfaitement mener la même vie que leurs camarades, moyennant quelques aménagements.
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Françoise Amouroux
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