REDONNER de la vigueur à des pénis de lapins, l’idée pourrait paraître saugrenue si elle ne représentait l’une des avancées les plus prometteuses dans le domaine des traitements de l’infertilité masculine. Les récents travaux publiés dans les annales de l’Académie américaine des sciences (PNAS) sont une première. Ils rendent compte de la réussite d’une reconstruction fonctionnelle de pénis par bio-ingénierie. L’équipe de Kuo-Liang Chen (Winston-Salem, États-Unis) a réalisé la prouesse de restaurer la fonction érectile chez des lapins dont le corps spongieux était endommagé.
La greffe de cellules de tissus érectiles a été pratiquée après une mise en culture complexe que l’on pourrait résumer ainsi : les chercheurs ont d’abord isolé et mis en culture des cellules autologues musculaires lisses et endothéliales provenant des corps caverneux des animaux destinés à recevoir la greffe. Par ailleurs, des matrices de collagène, réalisées à partir de corps caverneux prélevés sur des phallus de lapins donneurs, ont été préparées, puis ensemencées par les cellules musculaires lisses et les cellules endothéliales préalablement cultivées. Le néotissu de corps caverneux obtenu a ensuite été implanté. Résultat ? Les mâles « réparés » grâce aux greffons ont retrouvé des capacités reproductives comparables aux lapins témoins. Tant sur le plan histologique que fonctionnel, les animaux opérés ont montré, à 1, 3 et 6 mois après l’implantation, les preuves indéniables de leur guérison. Dès un mois après l’implantation, tous les lapins opérés ont entrepris une copulation dans la minute qui a suivi l’entrée dans la cage de leur partenaire, et ont affiché un taux d’éjaculation de 83 %.
Ces résultats, même s’ils ne peuvent être transposés immédiatement à l’homme, donnent un nouvel espoir à de nombreux patients souffrant d’anomalies congénitales, de cancer, de troubles organiques conduisant à des dysfonctionnements érectiles ou encore de traumatismes du pénis. Car jusqu’à présent, les bioprothèses en cartilage utilisées sur des modèles de lapins n’avaient pas permis de restaurer la fonction physiologique des corps caverneux.
Souvent moqués pour être les champions du rapport sexuel furtif, les lapins pourraient, une fois n’est pas coutume, faire office de modèle en reproduction humaine.
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