LES PRÉVALENCES des troubles du sommeil retrouvées chez les Nutrinautes reflètent celles observées dans la population générale. Le temps moyen de sommeil en semaine est estimé à 6 h 48 avec un tiers des Français qui dorment moins de 6 heures par nuit. Un lien très net entre obésité et sommeil est confirmé, quelles que soient les caractéristiques du sommeil étudiées. Le risque d’obésité augmente chez les petits dormeurs (34 % pour les femmes et 50 % pour les hommes). Concernant la relation obésité-insomnie, 10,4 % des femmes insomniaques sont obèses alors que seulement 7,5 % des femmes non insomniaques souffrent d’obésité. À l’inverse, on note que 27 % des femmes obèses sont considérées comme insomniaques. On observe une interaction entre hypersomnolence sévère et obésité, le risque de souffrir d’hypersomnolence est 70 % plus élevé chez les femmes obèses et plus de deux fois supérieur chez les hommes obèses.
On retrouve dans cette enquête la corrélation déjà bien connue entre l’apnée du sommeil et l’obésité. Les données mettent en évidence une relation entre un meilleur sommeil et une alimentation saine et équilibrée. L’analyse du rythme alimentaire montre que certains comportements sont liés à une moindre durée de sommeil : sauter le petit-déjeuner, ne pas manger à heures régulières et consommer des collations plutôt que des repas. Le grignotage nocturne est majoré chez les insomniaques, qu’ils soient hommes ou femmes, les prises alimentaires entre le coucher et le lever sont significativement plus importantes en terme calorique. La consommation de café est également plus élevée chez les courts dormeurs ; une prise d’alcool le soir a des effets tour à tour facilitateur de l’endormissement et perturbateur avec des réveils nocturnes en deuxième partie de nuit.
Une origine hormonale.
Les études confirment qu’une restriction de sommeil sur plusieurs nuits entraîne une augmentation de la sensation de faim et des apports énergétiques, avec une attirance plus marquée vers les aliments caloriques riches en glucides. L’envie de se faire plaisir augmente et favorise les petites douceurs et les excès.
In fine, l’augmentation de l’apport énergétique associée à une dette de sommeil dépendrait d’une composante comportementale avec une augmentation de l’opportunité de manger et d’une sensibilité accrue au système de récompense, et d’une composante hormonale et métabolique affectant le contrôle de la faim et de l’appétit. En effet, tout le tempo physiologique et circadien des hormones est bouleversé : l’équilibre entre la ghréline sécrétée le jour et la leptine, hormone de la satiété sécrétée pendant le sommeil, est perturbé ; la sécrétion nocturne de l’hormone de croissance qui régule la masse grasse est déréglée, de même que le mécanisme de régulation glycémique.
À la lumière de ces données, il apparaît évident qu’une dette de sommeil comporte des risques pour la santé « Respecter quelques règles hygiénodiététiques peut améliorer la qualité de nos nuits et de nos journées. Il faut intégrer la problématique du sommeil dans les recommandations nutritionnelles avec le souhait de lutter contre certaines pathologies comme l’obésité, le diabète de type 2 ou les maladies cardio-vasculaires, affirme le Pr Serge Hercberg, coordinateur de l’étude NutriNet santé. D’ores et déjà, il semble logique d’intégrer l’évaluation du sommeil dans le bilan de toute situation d’obésité et de rechercher un excès de poids dans le bilan d’une pathologie du sommeil. »
Pour définir les conditions d’une bonne alimentation pour un bon sommeil et adresser des messages clairs à l’intention du grand public, l’INSV a initié depuis 2009 un outil de sensibilisation. Il s’agit d’une collection thématique intitulée les Carnets du sommeil, téléchargeables sur le site www.institut-sommeil-vigilance.org.
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