SURDIAGNOSTIC, faux positifs, cancers radio-induits, les éléments à charge contre le dépistage du cancer du sein pèsent leur poids. Si les controverses ont été répétées ces dernières années en France et à l’étranger, la balance bénéfice/risque reste favorable selon un rapport international mené par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC). L’agence affiliée à l’OMS réaffirme l’efficacité réelle du programme de santé publique chez les femmes âgées de 50 à 69 ans, et pour la première fois, l’étend jusqu’à l’âge de 74 ans. Le dépistage à la française ainsi conforté pourrait regagner la crédibilité mise à mal.
Pour cette réactualisation du « Handbook » de 2002 du CIRC sur le dépistage du cancer du sein, 29 experts indépendants venus de 16 pays différents ont travaillé ensemble à la revue critique des données scientifiques. Pour le Pr Stephen Duffy du Queen Mary University of London : « Cette importante analyse viendra, on l’espère, rassurer les femmes à travers le monde sur le fait que le dépistage par cancer du sein sauve des vies. L’évidence apporte la preuve que le dépistage est un outil vital pour augmenter le diagnostic précoce et donc réduire le nombre de décès ». Le constat va dans le même sens que 13 ans plus tôt. Pour les chiffres, ils sont globalement comparables. Dans la version 2015, la mammographie de dépistage diminue de 23 % la mortalité par cancer du sein chez les femmes de 50 à 69 ans, dans la situation en vie réelle où les femmes invitées vont ou non au final se faire dépister. En théorie, le dépistage pourrait réduire la mortalité spécifique jusqu’à 40 %, dans la situation idéale où la participation et l’observance seraient totales... Élément nouveau par rapport à 2002, les données permettent enfin d’affirmer que la réduction de la mortalité concerne aussi les femmes de 70 à 74 ans.
Si l’évaluation scientifique en 2015 a utilisé les mêmes essais randomisés (n=11) qu’en 2012, - en l’absence de publication dans l’intervalle -, l’analyse s’est affinée avec l’introduction de 20 cohortes et 20 études cas-témoins réalisées dans des pays développés (Australie, Europe, Amérique du Nord) sélectionnées pour leur qualité méthodologique.
Des risques reconnus.
Le bénéfice persiste malgré les risques potentiels, car ils existent. Le groupe de travail a de nouveau reconnu que le dépistage par mammographie « peut détecter des cancers du sein qui n’auraient jamais été diagnostiqués ni n’auraient nui à la santé de ces femmes si elles n’avaient pas été dépistées ». Les faux positifs sont délétères, entraînant « des conséquences psychologiques négatives à court terme ». De même, le risque accru de cancer du sein radio-induit est réel mais faible (environ 1 à 10 pour 100 000 femmes), un risque « largement compensé par la réduction de la mortalité ». Parmi les pistes d’avenir, la tomosynthèse avec reconstruction en 3D suscite beaucoup d’espoirs. Le Pr Duffy estime ainsi : « Malgré la preuve de l’efficacité de la mammographie, il reste nécessaire de poursuivre les recherches sur des méthodes alternatives, comme avec la tomosynthèse très prometteuse ». Selon lui, les efforts de recherche doivent aussi être concentrés sur le dépistage des femmes à risque. « Nous avons besoin de données supplémentaires pour savoir précisément que proposer aux femmes à risque en terme de méthodes de dépistage, en partant d’un âge plus précoce et à des intervalles probablement plus rapprochés ». Alors que la Haute Autorité de santé (HAS) a publié en mai 2014 des recommandations à ce sujet, ce thème sensible sera à ne pas douter l’objet d’échanges et de discussions animées lors de la grande concertation citoyenne autour du cancer du sein prévue fin 2015.
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