Le Cytotec va être retiré du marché par Pfizer. La raison ? Son usage détourné pour réaliser des IVG ou pour déclencher artificiellement des accouchements au risque de la santé de la mère et l’enfant.
« Le Laboratoire Pfizer France nous a informés du retrait du marché français du Cytotec (misoprostol 200 µg), largement utilisé en gynécologie hors AMM, au 1er mars 2018 », a dévoilé Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice générale adjointe de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), lors des États généraux du « Lien », association de défense des patients. « Ce délai permettra aux industriels qui commercialisent Gymiso et Misoone, contenant la même molécule (dosée respectivement à 200 µg et 400 µg), d'augmenter leur production afin de sécuriser l'accès à l'IVG médicamenteuse », a-t-elle précisé.
Le Cytotec est indiqué en traitement et prévention de l’ulcère gastrique. Mais il est essentiellement utilisé de façon détournée pour réaliser des IVG ou, dans le cadre hospitalier, pour déclencher artificiellement des accouchements à terme. Toutefois, cette dernière utilisation comporte des risques graves pour la santé de la mère et de l'enfant, comme avait alerté l’ANSM en 2013 dans un point d'information. « Le risque est d'entraîner des contractions trop fortes et une mauvaise oxygénation du fœtus », avance le Dr Thierry Harvey, gynéco-obstétricien, en raison d’un surdosage fréquent de la molécule. « En effet, il faut utiliser un huitième du comprimé ce qui, vu sa taille, est pour le moins hasardeux », relève le médecin, qui s’insurge contre cette pratique dangereuse motivée par des considérations financières. Car les médicaments à base de prostaglandines prévus pour le déclenchement artificiel du travail, en gel ou en tampon, existent, mais ils coûtent beaucoup plus cher que le Cytotec, à 30 centimes le comprimé. « Il faudrait du misoprostol peu coûteux comme pour le Cytotec, mais à différents dosages (25, 50 µg…) », revendique le Dr Harvey. Un souhait qui sera peut-être prochainement exaucé, « le laboratoire danois Azanta a déposé une demande d’AMM pour un dosage de 25 µg qui pourrait être disponible courant 2018 », indique Mme Ratignier-Carbonneil.
Avec l'AFP.
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