Dénué de THC

Le cannabis qui soigne sans faire planer

Publié le 04/06/2012

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LES DÉTRACTEURS de la légalisation en France du cannabis thérapeutique pourraient bientôt perdre la bataille. Compte tenu de l’évolution des connaissances scientifiques dans le domaine des cannabinoïdes, l’usage médical du cannabis devient en effet de plus en plus toléré, voire légal dans un nombre grandissant de pays, tels le Canada, l’Australie, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande, l’Espagne, et 14 États américains. Cet usage nécessite soit une ordonnance, soit une confirmation de diagnostic médical, et la distribution se fait généralement dans un cadre défini par les lois locales : pharmacies aux Pays-Bas, Clubs Compassion au Canada, Buyers Club aux États-Unis, Cannabis Social Clubs en Espagne… Aujourd’hui, un nouvel argument vient au secours des promoteurs du chanvre médical. Les scientifiques du laboratoire israélien Tikkun Olam viennent en effet de mettre au point une culture de cannabis révolutionnaire. Ces plants modifiés, qui ont pourtant la même odeur, la même forme et le même goût que la variété originale, sont totalement dépourvus de tétrahydrocannabinol, le fameux THC, substance active de la marijuana aux effets recherchés par les adeptes de la « fumette ». Le secret de ce cannabis non planant tient dans la neutralisation des effets du THC et dans l’augmentation de ceux d’une autre substance, le CBD ou cannabidiol (anti-inflammatoire) non psychoactif, connu pour ses affinités avec les récepteurs CB2 situés sur les lymphocytes T. À quoi sert cette herbe quelque peu pervertie par les chercheurs ? À des fins évidemment thérapeutiques répond Tikkun Olam, fier d’avoir mis au point un remède non euphorisant destiné au traitement des diabètes et de divers troubles psychiatriques. Problème, « de nombreux patients ayant essayé la nouvelle plante se sont plaints d’avoir été floués », regrette Tzahi Klein, responsable de Tikkun Olam. Les indications thérapeutiques de cannabis sativa ne seraient-elles donc qu’un rideau de fumée ?

› DIDIER DOUKHAN