QUAND on dépasse la soixantaine, mieux vaut habiter loin des bruits de la ville. Ce pourrait être la leçon à tirer d’une vaste étude danoise qui conclut à un risque d’accident vasculaire cérébral majoré chez les individus de plus de 64,5 ans qui résident dans des lieux bruyants. Avec un effet-dose du bruit.
Selon les auteurs, Mette Sorensen et coll. (Copenhague et Aarhus), ce travail est le premier du genre. Une relation du même ordre avait déjà été faite avec l’infarctus du myocarde, c’est d’ailleurs ce qui a motivé la mise en place de l’étude de population danoise, réalisée de façon prospective.
Plus de 160 000 personnes ont été invitées à participer à l’étude entre 1993 et 1997. Sur cette cohorte, résidant en ville, 57 053 personnes, alors âgées de 50 à 64 ans, ont
accepté de répondre. D’emblée, précisons que le questionnaire s’est attaché à apprécier les multiples facteurs qui pourraient constituer des biais dans l’analyse finale : mode de vie, habitudes alimentaires, état de santé, tabagisme, consommation d’alcool et de café. De même, la pollution atmosphérique a été intégrée dans la réflexion. Elle provenait des données officielles, tout comme les relevés de bruit ambiant.
Surrisque à 27 % chez les plus de 64,5 ans.
Sur ces quelque 57 000 participants, 1 881 ont déclaré un premier AVC entre l’inclusion (1993-1997) et 2006. La statistique confrontant risque et nuisances sonores montre une élévation de l’incidence des AVC de 14 % pour toute augmentation de 10 dB du niveau sonore du trafic urbain et ce pour l’ensemble de la cohorte. Ce surrisque passe à 27 % chez les plus de 64,5 ans, alors qu’il est inexistant avant cet âge. L’analyse montre également, toujours chez les plus âgés, un effet-dose du bruit lorsque le niveau sonore dépasse 60 dB. Au passage, l’équipe constate des similitudes avec les données sur l’infarctus.
Quant à expliquer la pathogenèse, il s’agit plutôt d’hypothèses. Le rôle de l’HTA est éliminé. Même s’il est connu qu’elle favorise nettement les AVC, les auteurs confirment l’association après ajustement selon les chiffres tensionnels et la prise d’antihypertenseurs. Les troubles du sommeil contribuent à majorer le risque cardio-vasculaire. Or la qualité du sommeil étant moins bonne chez les plus âgés, les nuisances sonores nocturnes pourraient se montrer plus néfastes que celles du jour. Il faut enfin ajouter des perturbations des systèmes sympathique et endocrinien, avec élévation des hormones du stress, en cas d’exposition au bruit.
Mette Sorensen et son équipe précisent que la population étudiée résidait principalement en ville, elle n’est donc pas représentative de l’ensemble des Danois. Ils ajoutent que les expositions récentes au bruit semblent les plus délétères.
Plusieurs éléments de l’étude lui confèrent sa robustesse. Parmi eux, la prise en compte de la pollution, corrélée aux bruits urbains, qui aurait pu créer un biais d’analyse. Il faut ajouter le caractère prospectif de l’étude sur une vaste cohorte. Enfin, les Danois n’ont pris en compte que le premier AVC, évitant ainsi l’influence d’un traitement préventif. Reste pourtant une source d’erreur potentielle : le niveau socio-économique. Les personnes aux plus faibles revenus résident plutôt dans les zones à plus de 60 dB et sont plus à risque d’AVC.
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