LES DONNÉES du registre de Dijon ont été intégrées aux résultats mondiaux publiés récemment dans « The Lancet » (23 octobre 2013). Le commentaire associé à la publication a d’ailleurs été rédigé par les responsables de ce Registre, le Pr Maurice Giroud et ses collaborateurs, les Drs Agnès Jacquin et Yannick Béjot. « Nos résultats sur 27 ans vont faire prochainement l’objet d’une publication dans le "Journal of Neurology, Neurosurgery and Psychiatry" », soulignent les responsables du Registre Dijonnais des AVC.
Les données Françaises sont concordantes avec ce qui est publié au niveau international : les AVC touchent maintenant les jeunes. L’AVC est un accident qui traditionnellement affecte le grand âge. Les données antérieures montrent un partage des taux entre 75 % après 70 ans et 25 % avant 65 ans. Les données de l’étude « Global and Regional Burden of Stroke during 1990-2010 : findings from the Global Burden of Disease Study 2010 » (GBD), montrent que 32 % des patients atteints par un AVC ont moins de 65 ans.
Recherche des facteurs de risque.
Les chiffres Français de la ville de Dijon (intra-muros) portent sur la période 1985-2011, sur une population de 4 500 patients, avec la survenue de 435 AVC chez des moins de 55 ans. « Notre travail montre sur cette période de 26 ans, une augmentation de 20 % chez les sujets de moins de 65 ans. » C’est donc une donnée universelle, commente le spécialiste Dijonnais.
Ce constat soulève donc le problème des causes. Dans le travail dirigé par Valery Feigin, cela n’a pas été détaillé, seules des données sur l’incidence et la mortalité sont rapportées. « Nous sommes allés plus loin pour rechercher les facteurs de risque. Qu’est ce qui a changé pendant ces 26 ans chez les jeunes de moins de 55 ans ? » Il apparaît que la prévalence de la consommation du tabac, un facteur de risque confirmé, a beaucoup augmenté pendant cette période.
« La France est en Europe le pays où la consommation de tabac est la plus importante chez les jeunes de 20 à 30 ans. » Le tabac est le premier facteur rendant compte de cette augmentation des AVC des jeunes.
« La proportion des fumeurs dans le groupe des AVC chez les moins de 55 ans est passée de 37 % dans les années quatre-vingt-dix à 57 % en 2011. » Ce facteur va de pair avec le cannabis. D’ailleurs, quand il y a addiction au cannabis, il y très souvent une consommation de tabac.
Sédentarité.
En deuxième position, on trouve le cholestérol. Là aussi les chiffres sont éloquents. « La prévalence de l’hypercholestérolémie dans les AVC de moins de 55 ans est passée de 14 % dans les années 1990 à 28 % en 2010, à mettre en parallèle avec l’obésité. » Cette donnée est à rattacher au problème de l’augmentation de la consommation des graisses, du sel et des sodas dans l’alimentation.
Les autres facteurs de risque ont été analysés par les spécialistes Dijonnais. Le taux d’hypertension artérielle n’a pas changé. Les modifications concernant le diabète ne sont pas significatives. Par contre, la sédentarité ressort comme un facteur possible. Ce paramètre va être l’objet d’études plus précises.
Le message principal à retenir de ces publications est que l’AVC qui augmente chez les sujets jeunes est liée à des facteurs modifiables, des comportements qu’il est possible de changer. « Les recommandations en matière d’hygiène de vie, consistant en une réduction de la charge sodée alimentaire, en une consommation de 5?fruits et légumes par jour, en la pratique d’une activité physique avec bien sûr l’abandon du tabac et des drogues illicites, prennent toute leur valeur. »
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