Malgré la recommandation temporaire d'utilisation (RTU) délivrée en juin 2015 par l'Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM), l'Avastin (bévacizumab) reste très peu utilisé dans la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA).
La décision des autorités de santé d'imposer une RTU à l'Avastin avait créé la polémique, le laboratoire fabricant, Roche, refusant que son anticancéreux soit utilisé dans une autre indication que celle pour laquelle il a été conçu. Mais le procédé a été validé par le Conseil d'État en septembre 2015. Le but était surtout de permettre des économies substantielles à la Sécurité sociale. Des études ayant démontré l'efficacité d'Avastin dans la DMLA, il semblait logique de privilégier ce médicament trois fois moins cher que Lucentis (ranibizumab) de Novartis et Eylea (aflibercept) de Bayer, exclusivement indiqués dans la DMLA.
Mais l'Avastin reste peu utilisé. Selon le site de « France Info », c'est d'abord parce qu'il ne peut être utilisé qu'à l'hôpital, l'Avastin devant être reconditionné dans des pharmacies hospitalières, « alors que 80 % des patients atteints de DMLA sont soignés en cabinet de ville ». Ensuite, la faute à « la complexité à monter un dossier afin d'obtenir l'autorisation d'utiliser l'Avastin » et à la RTU qui précise que le recours à ce traitement doit être « indispensable ». Un caractère difficile à défendre juridiquement puisqu'il existe deux autres spécialités sur le marché. D'après l'enquête du « Quotidien du Pharmacien », le principal frein serait surtout que « la majorité des hôpitaux perdent de l’argent à réaliser une injection d’Avastin par rapport à celle de Lucentis ou Eylea ». « Globalement, l’hôpital touche 166 euros en cas d’injection de Lucentis et 103 euros en cas d’injection d’Avastin si l’hôpital ne prépare pas lui-même les seringues pour injection intravitréenne d’Avastin », expliquait en mai dernier le Pr Gilles Aulagner, pharmacien aux Hospices Civils de Lyon et à l’origine de la RTU d’Avastin. Un modèle économique pénalisant pour les hôpitaux qui n'ont aucun intérêt à privilégier l'Avastin.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques