DES CHERCHEURS ont identifié un motif d’expression de gènes dans le tissu mammaire de femmes ménopausées, qui est différent chez celles qui ont eu des enfants et celles qui n’en ont pas eu. Le résultat va aider à comprendre pourquoi la grossesse réduit le risque de cancer du sein et éventuellement pourrait permettre de trouver des stratégies médicamenteuses préventives qui conféreraient une protection similaire aux femmes qui n’ont pas eu d’enfants.
Ricardo Lopez de Cicco a présenté le travail qu’il a dirigé, partant du fait que la grossesse déclenche la différenciation et la croissance du tissu mammaire. L’expression de gènes dans du tissu mammaire de 44 femmes ménopausées ayant eu des enfants a été comparée à celle de 21 nullipares. L’équipe a identifié 208 gènes exprimés différemment. La signature a ensuite été validée dans une autre cohorte de 61 femmes ménopausées.
Les 208 gènes (305 transcrits) expriment la signature génomique des effets de la grossesse.
L’équipe a détecté une réduction de l’expression de gènes associés au cancer dans le tissu des femmes ayant eu des enfants. Ainsi, le récepteur de l’IGF (Insulin Growth Factor), associé à une prolifération cellulaire, est exprimé à plus bas niveau chez les femmes qui ont eu des enfants, comparativement aux nullipares. De la même manière, des gènes impliqués dans la maintenance des cellules souches sont régulés négativement, « peut-être parce que les cellules souches mammaires ont déjà subi une prolifération et une différenciation lorsque la femme a eu des enfants ». Et les cellules souches restent en potentiel de croissance et de production de nouveau tissu mammaire chez les femmes qui n’ont pas eu d’enfants.
Parmi les gènes qui s’expriment différemment, l’équipe en a détecté certains impliqués dans le traitement des transcrits d’ARN et qui probablement assurent que les protéines ne sont pas anormales, réduisant la probabilité d’anomalies cellulaires et de cancer.
L’acide rétinoïque au stade précoce
L’acide rétinoïque (un dérivé de la vitamine A) pourrait être étudié en tant que traitement contre le cancer du sein, car ce composé agit sur la croissance et la prolifération cellulaires. Fernandez et coll. ont présenté des découvertes sur le mode d’action de l’acide rétinoïque. Une réduction de RAR-ß dans les tumeurs est associée à la progression du cancer. C’est en se liant à son récepteur bêta (RAR?ß) qu’il pourrait supprimer les tumeurs. Ces auteurs ont utilisé quatre cultures cellulaires, correspondant à quatre étapes de la cancérisation, qui ont été placées dans le tissu adipeux chez des souris. « Nous observons que RAR-ß est actif, via une réduction de la méthylation, dans les deux phases les plus précoces, tandis qu’il est silencieux dans les deux phases tardives. » Les cellules génèrent des tubules ressemblant à la glande normale sous acide rétinoïque, tandis que les cellules aux stades invasif et tumoral ne le font pas. L’acide rétinoïque est à même de stopper la progression tumorale avant que les modifications génétiques ne soient devenues trop sévères.
L’étude montre aussi que le statut vis-à-vis de la méthylation de RAR?ß peut représenter un biomarqueur de la détection précoce du cancer du sein. Les médicaments qui réactivent ce récepteur en réduisant la méthylation de l’ADN peuvent-ils être utiles ? Ces médicaments sont utilisés pour traiter certaines leucémies. Ils méritent d’être étudiés dans le cancer du sein.
Isoflavones de soja
La consommation de soja n’augmente pas le risque de récidive ni de décès chez des femmes ayant été traitées pour un cancer du sein, expliquent Xiao Ou Shu et coll. (Vanderbilt University) sur les données de l’étude After Breast Cancer Pooling Project. Le soja contient des isoflavones qui se lient aux récepteurs aux estrogènes et ont des propriétés à la fois estrogène-like et anti-estrogéniques. L’étude chez 16 048 femmes, évaluées en moyenne neuf ans après le diagnostic de cancer, montre, en termes de mortalité et de récidive, que celles qui consomment les plus grandes quantités de soja (tofu et lait de soja) ne sont pas différentes de celles qui en consomment le moins.
Grosse prise de poids : danger
Une grosse prise de poids chez une femme après un diagnostic de cancer du sein a un impact négatif sur l’évolution et accroît le risque de décès. En évaluant l’IMC 18 et 48 mois après un diagnostic de cancer du sein, Bette Caan et coll. observent qu’une prise de poids importante (16 % des femmes) est assortie d’une augmentation de 25 % du risque d’évolution péjorative (récidive et décès).
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