DES DÉLÉGUÉS de l’Assurance-maladie vont visiter les officines, non pas pour un rappel à l’ordre, mais pour le suivi du traitement des patients asthmatiques. L’asthme n’a pas été choisi au hasard. En France, cette maladie justifie actuellement le traitement de 3,6 millions de personnes entre 5 et 44 ans (dont 750 000 recevant un traitement régulier). Or, selon la CNAM*, plus d’un patient sur 4 souffre d’un asthme mal contrôlé. Et plus du tiers des personnes concernées négligent le traitement de fond aux corticoïdes. L’Assurance-maladie appelle donc les officinaux en renfort pour améliorer le suivi des adultes asthmatiques. Dans un premier temps, muni d’un questionnaire déjà utilisé par les médecins, les pharmaciens et leurs équipes évaluent le confort respiratoire du patient. Le dispositif d’inhalation est-il correctement utilisé ? Le traitement de fond est-il bien suivi ? Les réponses (par oui ou par non) donnent lieu à une brève observation du pharmacien que le patient pourra transmettre à son médecin traitant. Dans un second temps, l’échange s’engage au comptoir sur le sujet en s’appuyant au besoin sur le dossier pharmaceutique. Rappel est fait du mode d’emploi du dispositif d’inhalation, comme lors d’une première utilisation. Autohaler, Beclojet, Turbuhaler, Diskus et les autres présentations sont décrites dans des documents remis aux patients et validés par les fabricants. La Haute Autorité de santé (HAS) a, quant à elle donné, son feu vert à un arbre décisionnel à l’attention des pharmaciens.
Rémunération non prévue.
Cette démarche de suivi, initiée en 2008 auprès des généralistes, avait remporté l’adhésion. Près de 80 % des médecins, et 70 % des patients, en reconnaissent l’utilité. Ils sont aujourd’hui informés par la CNAM que les officinaux entrent dans la ronde. Cette implication fera l’objet d’une évaluation, notamment par le suivi des achats de bronchodilatateurs d’action rapide, comme le salbutamol. Pour Aïda Jolivet, responsable du département des pathologies lourdes à l’Assurance-maladie, « c’est un programme qui touche aux comportements et s’inscrit dans la durée ».
Espérons que les pharmaciens ne l’auront pas attendu pour optimiser le suivi de leurs patients asthmatiques. Certes, il s’inscrit dans le cadre de la loi de santé publique de 2004 et du plan national consacré aux patients chroniques. Mais on ne peut s’empêcher de le placer sous le feu de l’actualité. Le dispositif a un peu la couleur de l’éducation thérapeutique, avec la mise en place d’un accompagnement. Il a une petite teneur de pharmacien correspondant, avec un retour d’informations vers le médecin. Mais il a aussi une saveur bien amère. La rémunération, dans ce cadre, n’est pas à l’ordre du jour. Et ne le sera peut-être pas davantage dans les discussions qui aboutiront, en 2011, à une seconde mouture de la Convention nationale des pharmaciens d’officine. « Il sera alors encore trop tôt pour avoir une évaluation sérieuse d’un tel programme », assure le directeur général de la CNAM, Frédéric van Roekeghem.
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Françoise Amouroux
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