PLUS DE 200 piqûres en un an. C'est le traitement qu'a subi cette jeune Parisienne, pour devenir la maman de Pauline, quatre mois et demi. « Cette épreuve physique et mentale m'a fragilisée, raconte-t-elle. J'ai manqué d'un soutien psychologique. Je me suis naturellement tournée vers ma pharmacienne, que je voyais pour les traitements et à laquelle je me confiais. En plus de son expertise scientifique, elle a su se montrer réactive. »
Cette détresse, bien des couples la vivent. « La patiente rentre dans un univers médicalisé alors qu’elle vit des moments difficiles et se sent seule face au traitement, souligne Claudine Orset, pharmacienne à Vizille (Isère). À nous d’intervenir pour l’accompagner dans sa démarche. » En effet, qu’il s’agisse de bloquer l’ovulation, de la stimuler et de la déclencher, les doses doivent être injectées au jour et à l’heure près. D’où l’importance de la réactivité en officine : « Un jour, mon médecin m’a appelée à 14 heures pour me signaler que la stimulation allait se poursuivre, précise Séverine, 35 ans, maman en attente de son deuxième enfant. J’avais besoin du produit en urgence. Avec une hospitalisation pour une FIV, cela peut tout remettre en cause. Mon pharmacien m’a dépannée en allant chercher le traitement chez un confrère. Son professionnalisme m’a été précieux. »
Cette expertise passe par une bonne explication du traitement. L’officinal peut en refaire le calendrier avec la patiente, jour par jour. Son regard attentif sur l’ordonnance est également crucial : « Ma pharmacienne s’est aperçue qu’il y avait eu un copier-coller malencontreux ; deux médicaments ayant le même usage étaient indiqués, poursuit la maman de Pauline. Nous nous sommes inquiétées et j’ai essayé d’appeler mon gynécologue, mais il était 20 heures et je n’avais pas son numéro de portable. C’est elle qui a tranché et elle a fait le bon choix ! »
Un encadrement.
Ayant noué des relations privilégiées avec les infirmières, le pharmacien peut les recommander à sa patiente. Bien les connaître permet de les contacter tardivement pour une piqûre de dernière minute.
À moins qu’elle n’ait choisi de se piquer elle-même, à l’aide du stylo injectable Puregon Pen. Ici, il faut vérifier qu’elle sait le manipuler. « Nous devons également nous assurer qu’elles font leurs examens sanguins et leurs échographies », pointe Mathilde Chévrier, pharmacienne, qui a effectué un travail de recherche sur l’assistance médicale à la procréation. Enfin, il importe de bien gérer son stock de médicaments : « Nous n’avons pas le droit à l’erreur sur la commande. Pour une gestion économique de l’officine, le bon produit doit être là au bon moment et ne pas s’additionner dans le réfrigérateur. Il faut faire passer ce message à l’équipe », reprend la pharmacienne de Vizille.
Mais souvent, d’injections en déceptions, ces femmes touchent le fond du gouffre. Problème : le mal-être psychologique influe sur le traitement et risque de le compromettre. « Parfois, je sens que certaines décrochent ; pour les aider, je leur propose de dialoguer dans l’espace confidentiel de mon officine, indique Claudine Orset. Et si je vois qu’elles ont un doute sur leur traitement, nous téléphonons ensemble à leur médecin. »
Car aux difficultés physiques s’ajoute le besoin de se confier. Le pharmacien développe ainsi un lien fort avec sa patiente, d’autant plus si l’équipe compte des femmes : « Nous sommes quatre et plusieurs sont mamans. Nous avons une empathie spécifique et naturelle à l’égard de nos clientes », précise Carole Rousseau, adjointe à la pharmacie Daudel-Fraenckel de Sassenage (Isère).
Et quand le traitement porte ses fruits, la joie est partagée avec le pharmacien, qui ouvrirait presque une bouteille de champagne. « J’ai fait un cadeau à l’équipe et je les ai remerciés de leur soutien », conclut la maman de Pauline. Le symbole d’une victoire partagée.
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