LES NOUVELLES recommandations de l’ANSES représentent une nouvelle étape dans la prise en compte des effets de l’environnement sur notre santé plutôt qu’un coup de théâtre dans le domaine de la recherche. Les PCB sont connus depuis longtemps pour leurs effets délétères. André Cicolella, président de Réseau Environnement Santé se souvient d’une étude américaine des années 1990 sur la population des grands lacs américains : « Suivis pendant onze ans, les enfants contaminés aux PCB par leur mère présentaient
des quotients intellectuels bas ». D’autres recherches ont depuis confirmé les conséquences néfastes des PCB sur la santé. « Les Inuits, population la plus contaminée, ont vu leurs défenses immunitaires s’amoindrir », note André Cicolella.
Interdits en France et à l’étranger depuis 1987, ils persistent dans l’environnement, notamment dans les rivières. Dès 2006, l’Europe a fixé des teneurs maximales à ne pas dépasser dans les denrées, et l’Hexagone a promulgué des restrictions de pêche et des interdictions de consommation des poissons d’eau douce dans certaines régions particulièrement contaminées.
Afin d’affiner ces mesures, l’ANSES a lancé en 2008 une étude sur l’imprégnation aux PCB des consommateurs de poissons de rivière. Six cent six pêcheurs amateurs ou membres de leur foyer et 16 pêcheurs professionnels vivant dans 3 types de zones (de très contaminées, comme la Seine et la Somme, à non contaminées, comme la Loire et la Garonne, en passant par le Rhône et le Rhin) ont été suivis pendant quatre ans afin d’établir un lien éventuel entre la consommation de ces poissons qui accumulent le PCB (bioaccumulateurs) et l’imprégnation sanguine.
Pas d’anguille sous roche.
Résultat : la consommation des espèces bioaccumulatrices (anguilles, barbeaux, brèmes, carpes, silures) provoque bien une augmentation de l’imprégnation aux PCB. L’ANSES préconise donc de limiter leur consommation à 1 fois tous les 2 mois pour les femmes en âge de procréer, enceintes, ou allaitantes, et pour les enfants de moins de 3 ans, les fillettes et les adolescentes, et à 2 fois par mois pour le reste de la population. L’agence précise que ces recommandations ne s’appliquent pas dans les régions de forte contamination, où toute consommation est proscrite.
La recommandation ne devrait pas bouleverser les habitudes alimentaires des Français. L’étude de l’ANSES montre en effet que le niveau de consommation des poissons d’eau douce est faible. Les pêcheurs amateurs se contentent d’un poisson par mois, et encore, ils choisissent les moins bio-accumulateurs (ceux-ci ne sont consommés que 2,5 fois par an). Seuls 13 % de cette population mangeraient des espèces fortement accumulatrices plus de 2?fois par an. Les niveaux d’imprégnation aux PCB étudiés chez les pêcheurs sont du reste similaires à ceux de la population générale et inférieure à ceux observées dans les années 1980, avant leur interdiction. La Fédération nationale de la pêche en France a exprimé son « soulagement » face à ces conclusions.
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