Plus de 130 millions de bébés naissent chaque année dans le monde, mais seulement 40 % sont nourris exclusivement au sein pendant six mois comme le recommande l'OMS. Il est temps pour les nations de passer de la parole aux actes et d'investir dans l'allaitement maternel (LM) comme mesure de santé préventive pour les nourrissons et les mères.
De la prévention des maladies chez les nourrissons à l'optimisation de la croissance tout au long de la vie, le LM influence en profondeur le bien-être global de la société ; le Pr Tricia Johnson** l'évoque sous l'angle d'une « primo intervention publique » aussi prépondérante pour la santé des nourrissons, de leurs mères et du grand public que le sont les vaccins. Le Pr Laurent Storme** concentre plus précisément ses travaux sur les 1 000 premiers jours de vie (du développement in utero aux deux premières années) qu'il qualifie de « fenêtre critique de vulnérabilité ». C'est en effet pendant cette période que tout se joue : l'organisme, le cerveau et le système immunitaire du nourrisson reçoivent leur programmation pour la vie. Pendant ces 1 000 jours, le LM représente bien plus qu'un aliment ; c'est un acte médical pour éviter des maladies chroniques non transmissibles (obésité, diabète, allergies, maladies inflammatoires de l'intestin) qui ont des répercussions tout au long la vie. Le Pr Meghan Azad** apporte une nouvelle preuve de corrélation entre l'allaitement et la réduction de l'asthme chez l'enfant. « Les professionnels de santé doivent sensibiliser les familles ayant des antécédents d'asthme à ce potentiel exceptionnel du LM, ajoute la conférencière. Chaque mois, chaque semaine, chaque goutte de LM compte pour la prévention de l'asthme et de nombreuses autres maladies. »
La valeur du lait maternel dans les unités néonatales
« Le lait maternel est personnel, vivant et dynamique et nous ne faisons que commencer à comprendre comment il peut fonctionner », reconnaît le Pr Bruce German**. Ses recherches récentes sur le génome humain de la lactation mettent en exergue la compatibilité exclusive entre la composition chimique du LM et les besoins biologiques des nourrissons, ce qui en fait un aliment sans équivalent et parfait pour les bébés. Dans le cas des prématurés, le LM est une source d'alimentation sélective. Il leur fournit non seulement les peptides nécessaires pour améliorer leur protection immunitaire mais également les enzymes nécessaires à la digestion du lait humain.
« On sait aujourd'hui que la composition du LM varie fortement en fonction de l'âge gestationnel du nourrisson à l'accouchement et de l'étape de la lactation. Ainsi la teneur en protéines du lait des mères ayant accouché prématurément est considérablement plus élevée que chez les mères qui ont mené leur grossesse à terme », affirme l'orateur. Cette constatation conforte l'accent mis par la communauté médicale mondiale pour permettre aux mères de bébés prématurés de leur donner leur lait. En effet, la prématurité entraîne des complications spécifiques et les preuves en faveur de l'adoption du lait maternel dans les unités néonatales se multiplient. On constate que les nourrissons prématurés consomment des quantités importantes de LM au cours de leur hospitalisation ; il peut contribuer à réduire la morbidité néonatale à long terme.
Cependant, les stratégies pour aider les mères qui ont accouché prématurément à allaiter ne sont pas toujours bien appliquées. Le Pr Picaud** est à l'origine d'une initiative nationale pour allaiter les prématurés au LM, et d'un référentiel de soins axé sur le soutien et l'activation de la lactation des mères concernées. Parallèlement, le Pr Paula Meier** met en œuvre, auprès des institutions du monde entier, un programme de lactation pour que les nourrissons des unités de soins intensifs néonatales reçoivent le maximum de lait de leur propre mère.
D'après une conférence de presse de Medela.
* 13e Symposium international sur l'allaitement maternel et la lactation. Paris 22 au 23 mars 2018.
** Liste des références des orateurs : Pr Tricia Johnson, Rush university Chicago, USA ; Pr Laurent Storme, hôpital universitaire, Lille ; Pr Assit Meghan B. Azad, université de Manitoba, Canada ; Pr J.Bruce German, université de Californie Davis, USA ; Pr Jean-Charles Picaud, hôpital de la Croix-Rousse, Lyon ; Pr Paula Meier, Rush university medical center Chicago, USA ; Dr Alecia-Jane Twigger, Helmholtz center Munich, Allemagne.
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