Rassemblés par l’institut de santé globale de l’Université de Harvard et par l’école d’hygiène et des maladies tropicales de Londres, 20 experts ont sévèrement critiqué, dans le « Lancet » de cette semaine, la réponse à l’épidémie d’Ebola qui sévit en Afrique de l’Ouest depuis décembre 2014. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) est particulièrement tancée par ce groupe d’experts qui propose 10 mesures pour améliorer la réponse internationale aux futures pandémies. Selon le chef de ce groupe d’expert, le Pr Peter Piot, célèbre figure de la lutte contre le Sida et découvreur du virus Ebola en 1976, l’épidémie a causé « d’immenses souffrances humaines, de la peur et un chaos qui ont été largement ignorées par les leaders politiques ». Selon le Pr Ashish Jha, directeur de l’institut de santé globale de Harvard, « les gens de l’OMS savaient que l’épidémie était hors de contrôle dès le printemps. Il leur a pourtant fallu attendre jusqu’en août pour déclarer l’état d’urgence. Le coût de ce retard a été énorme. »
Les auteurs préconisent d’investir dans des capacités permanentes de réaction aux épidémies. Ils proposent aux gouvernements à se doter ou de renforcer leurs moyens de veilles. Les auteurs rappellent que plusieurs gouvernements ont pris l’initiative de fermer leur frontière sans raison valable. Ils proposent donc qu’on leur donne les outils scientifiques pour éventuellement prendre ce genre de décision.
Lors de l’assemblée mondiale de la santé, qui s’est tenue en mai dernier, le directeur général de l’OMS, Margaret Chan, avait annoncé des mesures, comme des nouvelles procédures visant à engager et former du personnel d’urgence. Celle-ci a par ailleurs proposé un budget en hausse de 10 % pour les années 2016 et 2017, soit 3,89 milliards d’euros pour deux ans. Près de 236 millions doivent servir à renforcer les capacités de préparation, de surveillance et de réponse de l’agence de l’ONU en cas d’urgence sanitaire. Les auteurs du « Lancet » soutiennent l’idée d’une remise à plat du financement de l’OMS.
L’autre aspect souligné par les experts concerne l’indépendance des acteurs de la réponse d’urgence vis-à-vis des ingérences politiques, avec la mise en place en place d’une commission indépendantes dédiées à la prévention de la réponse aux épidémies.
Un manque d’indépendance
Lors d’un retour d’expérience sur la crise Ebola organisé au ministère des affaires étrangères, l’ancien président de Médecin sans Frontière (MSF), le Dr Rony Brauman, a violemment chargé le manque d’indépendance de l’OMS. « Quand MSF a prévenu au printemps que l’on était face à un événement de grande empleur, l’OMS l’a accusé de "faire sa publicité", se souvient-il, l’OMS a une longue histoire de sur et de sous réaction. Deux problèmes se posent : son indépendance politique et son indépendance économique. Les délégués locaux de l’agence ont étouffé l’affaire dans un premier temps et je pense que toutes les réformes administratives que l’on pourrait faire ne vont rien changer. »
Pour le Dr Brauman, le « poids croissant des fondations privé ou les labos pharmaceutiques » pèse sur l’efficacité de l’OMS, comme en témoignent « la surréaction face à la grippe A et le hold-up organisé de 10 milliards d’Euros d’achat de vaccins ». Un avis partagé par Augustin Augier, le secrétaire général de l’ONG Alima, qui a fourni le personnel pour plusieurs centres de traitement. « Ce n’est pas aux ONG de gérer les premiers et deuxièmes temps des épidémies, affirme-t-il, nous ne le faisons que parce que l’état et l’OMS sont défaillants. »
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques