Quelques définitions
Hyperséborrhée : production excessive de sébum
Hyperkératose : production excessive de kératinocytes
Follicules pilo-sébacés : ils sont formés par le poil, le muscle érecteur du poil et la glande sébacée. Ils recouvrent presque la totalité de la peau, exceptées certaines régions telles que la paume de la main, le gland…
Infundibulum : au niveau du follicule pilo-sébacé, l’infundibulum est une cavité (entonnoir) en communication avec la surface de la peau, au niveau duquel s’abouchent les glandes sébacées.
Propionibacterium acnes : bactérie saprophyte vivant au niveau du follicule pilo-sébacé.
Comédon : accumulation de sébum, de kératine et de bactéries au sein de l’infundibulum. On distingue deux types de comédons :
- Le comédon fermé ou microkyste, correspondant à des petits boutons blancs ;
- Le comédon ouvert, plus couramment appelé « point noir ». La couleur noire est due à l’oxydation des graisses et au dépôt de mélanine.
Papule : lésion érythémateuse se traduisant par un bouton rouge.
Pustule : lésion érythémateuse et purulente.
Nodule : lésion profonde apparaissant à un stade sévère de l’acné et pouvant évoluer vers un abcès.
Un peu de physiopathologie
L’acné est une inflammation des follicules pilo-sébacés touchant principalement le visage, le cuir chevelu, le thorax et les épaules. Ce trouble favorisé par les androgènes concerne 80 % des adolescents et jeunes adultes (entre 11 et 34 ans). Dans la majorité des cas, l’acné régresse spontanément après 20 ans.
Trois facteurs influencent le développement de l’acné :
- L’hyperséborrhée est à l’origine d’une peau grasse et luisante ;
- L’hyperkératose entraîne l’obstruction de l’infundibulum, favorisant ainsi la rétention du sébum.
- Enfin, la prolifération bactérienne par Propionibacterium acnes est à l’origine de l’inflammation.
D’un point de vue clinique, on distingue quatre stades.
Le premier stade, le moins sévère, correspond à la peau grasse. Le second stade, dit rétentionnel, correspond à l’apparition de comédons et de kystes. L’obstruction de l’infundibulum par les kératinocytes entraîne une accumulation de sébum. Enfin, le stade inflammatoire se traduit par l’apparition de papules et de pustules. Le dernier stade, ou acné nodulaire, est une forme sévère associant les lésions rétentionnelles et inflammatoires. Dans les formes les plus graves (acné conglobata), ces lésions peuvent évoluer vers des abcès ou des fistules.
Les mots du conseil
Dans la prise en charge de l’acné, l’hygiène et le soin sont indissociables. L’objectif est de limiter le développement de l’acné, de faire régresser les lésions et de prévenir les récidives. Si l’acné est un trouble généralement bénin, le professionnel de santé ne doit pas négliger le retentissement psychologique que peuvent avoir ces lésions, quelle que soit d’ailleurs leur sévérité. La dermocosmétique permet d’apporter une réponse intéressante à ce problème.
Le conseil sera d’autant plus précis que le patient est présent, ce qui permet de juger de la sévérité de l’acné. Ce n’est pas toujours le cas quand il s’agit des adolescents. La demande de conseil émane le plus souvent des parents. Dans ce cas, l’interrogatoire doit permettre d’évaluer le stade de développement de l’acné (hyperséborrhée, stade rétentionnel ou stade inflammatoire).
Enfin, pour conseiller les produits adaptés, il est indispensable de connaître le dossier médical du patient. Deux cas de figure peuvent se présenter ; soit le patient vient se faire délivrer une ordonnance de médicaments antiacnéiques et demande un conseil sur les soins dermocosmétiques à utiliser, soit il s’agit d’une demande spontanée, sans prescription. Il est alors nécessaire de savoir si un traitement est en cours, et quels sont les médicaments utilisés.
Quelques principes à rappeler.
La manipulation des boutons peut aggraver les lésions et augmente le risque de cicatrice. Il ne faut donc pas chercher à les excorier. Des idées fausses circulent quant aux bienfaits de l’exposition solaire. Si on constate une amélioration sous l’effet du soleil, celle-ci n’est que transitoire et est suivie d’un effet rebond. Pour éviter la recrudescence des lésions après la période ensoleillée, il est donc nécessaire de protéger la peau avec une crème de protection solaire adaptée.
Les produits du conseil
Les gammes de produits dermocosmétiques pour les peaux à tendance acnéique (peaux jeunes à problèmes) se sont développées et structurées au fil des années. Très complètes, elles se composent de produits d’hygiène (produits nettoyants, soins exfoliants), de produits traitants (séborégulateurs, kératorégulateurs, matifiants, hydratants, antiseptiques et antibactériens) et de produits d’usage quotidien spécifiquement adaptés aux peaux à problèmes (maquillage non comédogène, mousse à raser, produits solaires).
Quelle que soit la gamme référencée par le pharmacien (Avène, La Roche Posay, Ducray…), il est intéressant de disposer de l’ensemble des produits la composant. Chaque gamme ayant ses particularités, il est essentiel de former l’équipe.
Nettoyer en douceur.
La première étape consiste à nettoyer la peau afin de la débarrasser de l’excès de sébum sans l’irriter ni la dessécher. Il est important de mettre en garde contre des toilettes trop fréquentes, qui risquent d’aggraver les lésions et de déséquilibrer la flore cutanée.
Autre notion indispensable à rappeler aux patients : les produits d’hygiène doivent être non comédogènes. Matin et soir, le visage et le cou (le dos et le thorax si nécessaire) seront nettoyés avec un produit moussant (gel ou crème) sans savon. Une lotion micellaire peut également être utilisée. La toilette quotidienne peut être complétée, une à deux fois par semaine, par un soin exfoliant et désincrustant (sauf si la peau est irritée). Un masque purifiant peut également être proposé.
Les produits de soin.
Les objectifs des produits de soin sont multiples. D’une manière générale, ils visent à limiter la sécrétion de sébum, réduire l’hyperkératose et favoriser le renouvellement cellulaire, rééquilibrer la flore cutanée et resserrer les pores dilatés. Ils permettent également d’hydrater la peau et d’apaiser l’irritation cutanée (provoquée notamment par certains traitements médicamenteux). Ils se présentent en crème à appliquer une ou deux fois par jour. Certaines crèmes à base de rétinaldéhyde seront appliquées le soir.
D’une manière générale, les produits de soin associent des agents kératolytiques et kératorégulateurs (rétinaldéhyde, acide salicylique, acide lactique, acide glycolique…), des actifs séborégulateurs et astringents (AHA, courge, ortie, vitamine B2, B6, sels de zinc…), des agents matifiants et sébo-adsorbants (argiles, silicates…), des agents antiseptiques et antibactériens (myrtacine, acide salicylique, chlorhexidine, sels de cuivre, ammoniums quaternaires…) et des agents hydratants et adoucissants (allantoïne, aloe vera, calendula, niacinamide…).
Des soins sur mesure.
La plupart des gammes proposent des soins cosmétiques complémentaires, appelés soins localisés ou soins correcteurs. Ils se présentent en sticks ou crayons et visent à assécher et camoufler les petits boutons.
Des médicaments conseils.
Indiqué en cas d’acné de sévérité moyenne, le peroxyde de benzoyle (Curaspot, Brevoxyl) peut désormais être délivré sans ordonnance. Le peroxyde de benzoyle a une action kératolytique et antibactérienne. Il est également doué d’une action sébostatique. Les médicaments contenant du peroxyde de benzoyle se présentent en crème ou en gel, à appliquer une à deux fois par jour sur la peau nettoyée préalablement. Il est nécessaire de rincer le produit abondamment après quelques minutes.
Lors de la dispensation de ces médicaments, il est important d’alerter sur le risque de photosensibilisation. Le peroxyde de benzoyle est également susceptible de décolorer les phanères et les textiles.
Une alternative, la phytothérapie.
De plus en plus de patients s’inquiètent des effets secondaires et des contraintes qu’imposent les traitements médicamenteux comme l’isotrétinoïne ou les antibiotiques per os (cyclines) et demandent des alternatives en phytothérapie ou en homéopathie. Cependant, le conseil officinal se limitera aux cas d’acné juvénile de premier stade (points noirs et microkystes). Les stades plus sévères nécessitent une consultation médicale. En homéopathie, on préconise Kalium bromatum, Selenium metallicum et Sulfur iodatum en 9 CH.
En phytothérapie, les plantes recommandées sont la bardane (racines) et la pensée sauvage (parties aériennes), disponibles en gélules. Attention, en début de traitement, il est possible d’observer une recrudescence des lésions. L’ortie revendique une action sur les peaux grasses.
En oligothérapie, c’est principalement le zinc (sous forme de gluconate) qui sera conseillé.
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Françoise Amouroux
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