L’acide hyaluronique, connu comme l’une des panacées antirides entame une nouvelle carrière thérapeutique dans la lutte contre l’obésité. C’est du moins ce que suggère une équipe du Centre Médical Ouest de Dallas (Texas) dans la dernière édition de « Science Translational Medecine ».
Les chercheurs ont passé au crible les dernières publications soulignant son rôle dans la modulation du tissu adipeux. Des travaux montrent ainsi comment l’emploi d’un gel à base d’acide hyaluronique favorise la croissance d’adipocytes dérivées de cellules souches multipotentes humaines implantées sur la souris, et leur différenciation en tissu adipeux brun.
L’effet de l’acide hyaluronique (HA) sur la baisse du taux de sucre dans le sang a, par ailleurs, été testé avec succès sur le rat. Des études révèlent aussi comment la signalisation médiée de l’acide hyaluronique est altérée dans la majeure partie des tissus d’individus obèses. L’une d’elles associe l’augmentation du taux de HA à celle des tissus adipeux ainsi que de la résistance à l’insuline chez des souris rendues obèses.
Le traitement par une association de hyaluronidase PH20 (PEGPH20), réduisant l’accumulation de HA et d’une molécule préservant la sensibilité à l’insuline ont conduit à une réduction de 35 % de la masse adipeuse de ces souris, ainsi qu’à une réduction de la taille des adipocytes. Plus généralement, l’acide hyaluronique est considéré comme un régulateur positif de l’adipogénèse.
D’autres travaux associent un dérèglement de la signalisation médiée de l’acide hyaluronique à l’inflammation et au dysfonctionnement des tissus adipeux. Une connexion est aussi envisagée entre le taux d’acide hyaluronique et une accumulation excessive de matrice extracellulaire. Autant de recherches qui propulsent cette molécule parmi les nouvelles cibles potentielles dans la pharmacologie du contrôle de la masse grasse.
« Cette approche est intéressante parce qu’elle se focalise sur le rôle très important de la matrice extracellulaire dans la croissance des tissus adipeux et sur les mécanismes d’action des molécules sur les adipocytes, relève Dominique Langin, responsable de l’équipe INSERM "Laboratoire de recherche sur les obésités". Par ailleurs, elle s’intéresse à une molécule, l’acide hyaluronique dont on maîtrise la manipulation du fait de son utilisation dans la cosmétologie. Même si le développement d’un possible médicament exige de pousser plus loin l’analyse de sa diffusion dans l’organisme. »
Nombre de recherches en cours visent à étudier la capacité du tissu adipeux à recruter de nouveaux adipocytes. L’enjeu étant le plus souvent d’augmenter la masse brune de l’organisme, dépensière en énergie, au détriment de la masse blanche gourmande en graisses. Deux approches se disputent : activer la production de la masse brune ou convertir les adipocytes blancs en bruns.
Il s’agit dès lors d’augmenter la thermogénèse, soit la capacité de ces cellules à brûler les graisses. C’est sur cette piste que travaille précisément l’équipe de Dominique Langin. « Nous agissons au niveau mitochondrial sur les lipases et les PDK4, enzymes impliquées dans le contrôle de l’utilisation préférentielle des sucres et des acides gras », explique le chercheur.
L’étude du microbiote
Autres voies de recherche : le rôle de l’intestin, des hormones sécrétées par le tube digestif et du microbiote. La mise en évidence que la qualité de la flore intestinale peut être associée à une susceptibilité de développer une obésité a conduit à de nouvelles approches.
« S’il y a une composante héréditaire à la formation de cette flore, on lui a aussi découvert une capacité de résilience, remarque Dominique Langin. Un régime hypocalorique permet de la modifier mais on ne sait pas encore si ce phénomène est limité dans le temps ».
La chirurgie bariatrique a montré, quant à elle, que ses effets dépassent la maîtrise de la prise de poids. Elle agit sur le métabolisme intestinale, la modification du microbiote et la modulation des signaux entre le tube digestif et le système nerveux central.
Quant aux actions centrales sur la prise alimentaire et la dépense énergétique, la recherche française y semble moins investie. « Les mécanismes d’action sur ces comportements au niveau cérébral sont très intriqués avec ceux de l’humeur, et donc délicats à manipuler », explique Dominique Langin.
Sur la liste des 7 molécules actuellement autorisées par la Food and Drug Administration dans le traitement de l’obésité, quatre sont interdites en France. Essentiellement des molécules agissant au niveau centrale et avec des effets secondaires sur le système cardiovasculaire.
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