RESPONSABLE d’environ 60 000 décès chaque année en France, directement ou indirectement, le tabac reste la première cause de mortalité évitable. La prévalence du tabagisme quotidien a été estimée en 2010 à 29,1 % chez les personnes âgées de 15 à 75 ans, en augmentation de 2 points par rapport à 2005 (INPES Baromètre Santé 2010). Cette augmentation est particulièrement remarquable chez les femmes âgées de 45 à 64 ans. D’après les recherches effectuées dans le cadre du rapport européen EQUIPP, il semblerait nécessaire de mettre en place des mesures pour changer l’attitude de nombreux médecins généralistes qui ne considèrent pas actuellement le tabagisme comme une maladie ayant besoin d’être prise en charge. « Lorsqu’un médecin voit un fumeur, il doit s’occuper de lui comme d’un patient souffrant d’une maladie chronique, comme d’un diabète… » a souligné le Pr Bertrand Dautzenberg (pneumologue, Président de l’Office français de prévention du tabagisme).
Le problème est qu’actuellement, les patients comme les médecins, n’acceptent plus aucun effet secondaire des médicaments… « Ces craintes par rapport aux médicaments, contre le tabagisme notamment, empêchent de combattre les vrais dangers. L’écho médiatique concernant la varénicline n’a pas arrangé les choses… »
D’autres études sont nécessaires.
En ce qui concerne le risque cardiovasculaire, c’est l’étude de Rigotti NA (Circulation 2010 ; 121 :221-9) qui a attiré l’attention. Cette étude menée sur 700 fumeurs âgés de 35 à 75 ans a montré que chez les personnes déjà concernées par les maladies cardiovasculaires, la varénicline pouvait entraîner une augmentation de risque. En effet, bien qu’une efficacité sur le sevrage tabagique ait été observée avec un taux d’abstinence entre la semaine 9 et 52 près de trois fois plus élevé dans le groupe Champix que dans le groupe placebo, des effets indésirables cardiovasculaires plus nombreux ont été reportés dans le groupe varénicline. « Mais la différence n’était pas significative : l’étude n’avait pas les effectifs ni la puissance suffisante pour conclure » fait remarquer le Pr Daniel Thomas. Le 7 juin 2011, la Commission européenne a ainsi renouvelé l’AMM de Champix pour une durée supplémentaire de cinq ans. Et le 21 juillet 2011, l’EMA confirmait le rapport bénéfice/risque favorable du produit en raison de l’aide qu’il apporte aux personnes souhaitant arrêter de fumer. Le risque cardiovasculaire était déjà mentionné dans le résumé des caractéristiques du produit. Le CHMP a demandé au laboratoire Pfizer de modifier l’information du RCP afin de mieux préciser ce risque.
En ce qui concerne les effets secondaires d’origine psychiatrique, il faut remarquer que les fumeurs présentent déjà une vulnérabilité avec des troubles de l’humeur, des troubles anxieux et des comportements suicidaires. « Quant aux manifestations psychologiques du sevrage, elles sont transitoires et atténuées par le traitement pharmacologique » a déclaré le Pr Henri Jean Aubin (psychiatre).
La varénicline fait l’objet d’une surveillance renforcée. Des études randomisées spécifiques et ayant suffisamment de puissance seront encore nécessaires à sa totale réhabilitation.
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques
Alzheimer : l’immunothérapie ouvre de nouvelles perspectives