La tomosynthèse est une technique de mammographie qui permet d'obtenir une image plus nette du sein que la mammographie classique en 2D. « La tomosynthèse calcule une projection 3D à partir de plusieurs images 2D acquises selon des angles différents, explique au « Quotidien » la Dr Marie-Rose El Bejjani, radiologue au sein du groupe hospitalier Saint-Joseph. Cette technique est disponible depuis quelques années dans certains centres. Toutefois, elle n'est pas incluse dans le dépistage organisé, elle est donc utilisée en complément de la mammographie 2D. »
Au total, 96 269 femmes ont été incluses dans l'étude entre janvier 2011 et septembre 2014. Elles étaient âgées de 40 à 74 ans (en moyenne 55,9 ans) – en France, le dépistage organisé concerne les femmes de 50 à 74 ans. Parmi les 180 340 examens de dépistage réalisés, 71,7 % ont été faits par tomosynthèse et 28,3 % par mammographie classique.
Un taux de rappel moins important
Par rapport à la mammographie 2D, la tomosynthèse était associée à une meilleure spécificité, à un taux de détection de cancer plus important (odds ratio de 1,41) et à un taux de rappel moins important (OR 0,64), et ce quels que soient l'âge et la densité mammaire des femmes. De plus, la tomosynthèse a permis de détecter davantage de cancers invasifs de petite taille et sans atteinte ganglionnaire (73,7 versus 65,4 %). L'intérêt de la tomosynthèse était particulièrement marqué chez les femmes de 40 à 49 ans.
Les cancers détectés par la tomosynthèse étaient par ailleurs considérés comme étant de meilleur pronostic que ceux détectés par la mammographie classique (OR 2,28). Concernant le risque de surdiagnostic, la Dr El Bejjani estime que « ce risque est largement contrebalancé par la diminution du taux de rappel et du taux de faux négatifs ».
Au vu de ces résultats, les auteurs estiment que le dépistage de routine par la tomosynthèse des femmes de 40 à 49 ans est associé à un rapport bénéfice-risque favorable. La radiologue salue cette étude qui confirme, sur un effectif de grande taille, des résultats déjà mis en évidence par des études précédentes et qui fournit ainsi un argument supplémentaire en faveur de la tomosynthèse.
La position de la HAS attendue
En France, la tomosynthèse ne fait l'objet d'aucune recommandation à ce jour. « En l'absence de cadre réglementaire, l'utilisation de la tomosynthèse n'est pas harmonisée et dépend du bon vouloir de chaque centre », regrette la Dr El Bejjani.
La Haute Autorité de santé (HAS) évalue actuellement les performances de la tomosynthèse à partir des données de la littérature. Un rapport, attendu initialement pour octobre, est prévu pour la fin du trimestre. Si les conclusions de cette première étape sont en faveur de la tomosynthèse, la HAS effectuera dans un second temps un travail visant à définir la place de cet examen dans le programme national de dépistage organisé du cancer du sein qui devrait aboutir à des recommandations.
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