Le rôle de la graisse se révèle beaucoup plus complexe et intéressant dans la physiologie humaine que supposé jusqu’à il y a une bonne dizaine d’années. Il existe trois types de cellules graisseusses : les adipocytes blancs, beiges ( localisés au sein de la graisse blanche) et les bruns. Les premiers ont un rôle essentiellement de stockage, les deux autres sont impliqués dans la thermogenèse et sont capables de brûler les graisses.
Pour la graisse brune, trois études indépendantes publiées en 2009 dans le New England Journal of Medicine ont marqué une étape importante. Elles ont apporté la preuve du concept grâce à l’analyse des dépôts de graisse brune de la région antérieure du cou et du thorax via la tomographie par émission de positons (TEP) réalisée dans des conditions d’exposition au froid ou au chaud.
Les chercheurs ont ainsi constaté que la probabilité de détection du tissu adipeux est inversement corrélée à l’âge, à la température extérieure, la prise de bêtabloquants et surtout à l’indice de masse corporelle et à la glycémie à jeun. Le tissu adipeux brun peut être rapidement activé par l’exposition au froid, augmentant de 15 fois en volume. « Le tissu adipeux brun pourrait être important sur le plan métabolique en physiologie humaine et le fait qu’il est réduit, mais bien présent, chez la plupart des sujets obèses ou en surpoids pourrait en faire une cible pour le traitement de l’obésité », ont conclu les auteurs. L’équipe de Ajay Chawla (Nature immunology, décembre 2011) a décrit l’implication du système immunitaire dans la thermorégulation. Il s’agit de l’activation des macrophages présents dans la graisse brune en période de froid, qui vont à leur tour sécréter des catécholamines. Ce stress va induire le relargage d’acides gras par la graisse blanche et leur utilisation par la graisse brune pour générer de la chaleur. Ce pourrait être le vestige d’un processus d’adaptation au froid conservé au cours de l’évolution, dans lesquelles les systèmes immunitaires et métaboliques étaient plus intriqués.
Une autre hormone que la météorine-like a été impliquée dans la thermogenèse. L’équipe de Spiegelman a décrit le rôle de l’irisine dans la conversion de graisse blanche en graisse brune (Nature, janvier 2012). À côté de la voie hormonale, une équipe de San Francisco a mis en évidence le rôle d’une enzyme, l’EHMT1, dans la production de graisse beige (Nature, novembre 2013). Des médicaments capables de l’activer pourraient aider à lutter contre l’obésité en brûlant l’excédent de calories consommées
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