CHEZ LES MAMMIFÈRES, l’odorat joue un rôle crucial dans les
interactions sociales. La reconnaissance parentale de sa progéniture repose aussi, en partie, sur l’apprentissage et la mémorisation d’odeurs corporelles spécifiques (génétiquement programmées), une reconnaissance cruciale pour le succès reproductif et la survie de la descendance.
Des études chez les rongeurs, les singes et les humains ont montré que les pères sont tout à fait capables de reconnaître leur progéniture juvénile et adulte ; cependant, les mécanismes neuronaux permettant cette reconnaissance restaient inconnus.
Blottis ou pas.
Pour en savoir plus, Samuel Weiss et Gloria Mak, neurochercheurs à l’université de Calgary (Canada), ont étudié des souris. Ils ont placé des couples mâle et femelle dans des cages, jusqu’à ce qu’ils s’accouplent et que naissent les souriceaux. Puis les pères ont été répartis dans
3 groupes : certains ont été enlevés de la cage dès la naissance ; d’autres ont été laissés dans la cage, pouvant se blottir contre la mère et les souriceaux pendant
2 jours après la naissance ; d’autres encore ont été placés pendant 2 jours après la naissance dans une cage qui permettait l’échange olfactif mais pas l’interaction physique. Ensuite, les pères ont été séparés des petits puis ont été réexposés à leur progéniture mâle 6 semaines après, lorsque ces enfants étaient devenus adultes. Les chercheurs ont considéré que les pères ne reconnaissaient pas leurs fils, lorsqu’ils les attaquaient ou les reniflaient.
Les pères ont reçu une injection de bromodésoxyuridine pour marquer et quantifier la prolifération cellulaire dans le bulbe olfactif et l’hippocampe (gyrus dentelé), deux régions cérébrales impliquées respectivement dans l’olfaction et la mémoire.
Résultat, seuls les pères qui interagissent avec leurs petits peuvent reconnaître plus tard leur progéniture. Cette reconnaissance paternelle de la progéniture adulte, nécessitant ainsi une interaction physique avec les petits, est associée à la formation de nouveaux neurones dans le bulbe olfactif et l’hippocampe du père (augmentation de 25 et 40 % des nouveaux neurones respectivement dans ces deux régions). Et les nouveaux interneurones olfactifs sont activés surtout par les odeurs des petits devenus adultes.
La prolactine.
Enfin, curieux de savoir quels sont les signaux hormonaux qui contrôlent cette neurogenèse, et sachant que l’hormone prolactine favorise les comportements parentaux, les chercheurs ont examiné des mâles déficients en signal prolactine, du fait d’un traitement anticorps ou d’une mutation génétique (Prlr-/-). En l’absence du signal prolactine, les pères ne présentent plus de neurogenèse accrue et ne reconnaissent plus leur progéniture à l’âge adulte.
En revanche, lorsque les mâles Prlr-/- reçoivent une injection d’hormone lutéinisante durant la période postnatale d’interaction avec les souriceaux, cette hormone restaure la neurogenèse paternelle et la reconnaissance des petits lorsqu’ils sont grands.
Quelles sont les implications humaines de cette recherche ?
« La neurogenèse a été mise en évidence dans ces 2 régions du cerveau adulte humain », explique au « Quotidien » le Dr Mak, « par conséquent, il se pourrait qu’une neurogenèse induite par la paternité survienne également dans le cerveau adulte humain pour contribuer à une composante olfactive de la reconnaissance parentale. »
Mak et coll. DOI: 10.1038/nn.2550.
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