L’ÉTUDE Méthaville vient de montrer qu’un traitement de substitution par méthadone initié par des médecins généralistes de ville, et pris en pharmacie de ville, est aussi efficace qu’un traitement par méthadone initié en centre spécialisé.
En effet, contrairement à la buprénorphine (Subutex) qui peut être initiée par un généraliste, la méthadone ne peut être initiée qu’en service hospitalier ou en centre spécialisés (CSAPA). Ce n’est que lorsque le dosage est stabilisé et que le patient gère de façon autonome son traitement que le primo prescripteur peut déléguer la prescription à un médecin de ville (ou au contraire, décider de la poursuivre à l’hôpital ou en CSAPA).
Forcément, ce schéma de prise en charge limite l’accès au traitement par méthadone.
De nouvelles modalités de prescription à l’étude.
C’est pourquoi les autorités de santé ont envisagé (dans le plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les conduites addictives 2013-2017) l’expérimentation de nouvelles modalités de prescription des traitements de substitution aux opiacés. C’est dans cet objectif qu’a été réalisée l’étude Méthaville, financée par l’ANRS et la DGS. Cette étude a inclus 221 personnes dépendantes aux opiacés (soit des personnes qui ont initié un traitement par méthadone, soit des personnes sous buprénorphine devant changer de traitement). Elles ont été randomisées entre l’initiation d’un traitement par méthadone par un généraliste (155 patients) et l’initiation d’un traitement par méthadone en centre spécialisé (61 patients).
Les médecins généralistes participants avaient tous été formés pour la prescription de méthadone et avaient déjà une expérience dans la prise en charge de l’addiction ou suivi une formation dans ce domaine. Au cours de la phase d’initiation (environ 2 semaines), chaque patient devait venir prendre sa dose quotidienne de méthadone à la pharmacie de ville, en contact avec le médecin généraliste, ou celle du centre spécialisé afin de surveiller la prise du traitement. C’est au cours de cette phase délicate que le dosage optimum est déterminé.
En ville, 55 % d’abstinents à un an.
Au final, l’étude de l’ANRS montre que la primo-prescription par le généraliste est non inférieure à celle assurée par les centres spécialisés. En effet, un an après l’initiation, 55 % des patients pris en charge par un médecin généraliste et 33 % de ceux encadrés par un CSAPA étaient abstinents. C’est-à-dire qu’ils ne consommaient plus de drogues injectables. Toutefois, ce pourcentage d’abstinence est à considérer avec prudence car il était déclaratif, et non basé sur un test urinaire.
Par ailleurs, la primo-prescription en ville semblait même statistiquement supérieure en ce qui concerne l’engagement dans le traitement : 65 % des patients suivis en CSAPA ont poursuivi le traitement jusqu’à stabilisation du dosage, contre 94 % en médecine de ville.
Toutefois, cette supériorité est fragile. En effet, cette étude a été réalisée dans des conditions optimales. D’abord, tous les médecins généralistes inclus avaient une solide expérience dans la mise en place et le suivi des patients. Ensuite, les patients présentant une problématique psychiatrique et de codépendance (alcool, benzodiazépines et opiacés) ainsi que les femmes enceintes n’ont pas été inclus dans le bras de ville, ces cas délicats nécessitant une gestion en centre spécialisé.
Ainsi, la primoprescription en ville se révèle possible, mais sous condition d’une solide formation et d’un engagement du médecin généraliste.
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