PREMIER PAYS à avoir mis en place une loi de régulation du cannabis, votée en décembre 2013, l’Uruguay accuse un démarrage poussif du dispositif. Les décrets d’application ont été publiés en avril et le registre sur lequel doivent s’inscrire les usagers n’est ouvert que partiellement (seulement aux auto-cultivateurs pour le moment) depuis fin août. Au 11 septembre, l’Institut de régulation du cannabis dénombrait 378 inscriptions, alors que le pays compte plusieurs milliers de cultivateurs. Pour l’instant, aucune date n’a été fixée pour l’ouverture complète du registre, les usagers devant indiquer leur mode d’accès au produit : en pharmacie, en auto-culture ou par le biais d’un club cannabique. Les estimations officielles sont de 150 000 consommateurs réguliers sur une population de 3,3 millions d’habitants. Le frein majeur à cette régulation repose sur les craintes de s’inscrire sur un registre national. Rafael Bayce, sociologue favorable à cette loi, le reconnaît : « Le registre est un énorme risque pour l’avenir car la loi peut être dénoncée et beaucoup de gens poursuivis si le gouvernement suivant est contre la régulation. » Il s’inquiète aussi de l’usage que pourraient faire de ce registre des « organismes de renseignement ».
En effet, le président actuel, José Mujica, avait fait de cette loi de régulation un projet phare de son mandat - qui se termine en mars - avec la légalisation de l’avortement et du mariage homosexuel. Les élections présidentielles vont se tenir dimanche prochain, le 26 octobre, et les candidats se montrent très réservés, voire hostiles, à cette mesure. Or l’application et l’évaluation de la loi seront réalisées par le prochain gouvernement. Les deux principaux candidats à la présidence ont déjà promis de faire abroger le texte tel qu’il est rédigé actuellement.
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Françoise Amouroux
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