Une vision qui se trouble, des couleurs plus ternes, une gêne à la lumière artificielle (l’impression d’être ébloui), ce sont les premiers signes d’une cataracte, et les verres correcteurs d’une éventuelle amétropie n’y changent rien. Ces modifications surviennent habituellement trop progressivement pour être remarquées et c’est plutôt au lendemain de l’intervention que le patient mesure ce qu’il avait perdu.
« Quoi qu’il en soit, quand la vision se modifie, il est légitime de consulter, conseille le Pr Jean-François Korobelnik (Hôpital Pellegrin CHU de Bordeaux), pour confirmer l’existence d’une cataracte… ou d’une autre pathologie de l’œil. » La solution est chirurgicale. Près de 750 000 interventions sont réalisées chaque année où l’on change le cristallin, en une ou deux étapes (quand les deux yeux doivent l’être, ce qui est le cas d’environ 2 patients sur 3), à 2-6 semaines d’intervalle.
Deux raisons à cette explosion de demandes en 20 ans, les patients eux-mêmes, plus exigeants, qui n’attendent plus d’être très âgés, presque aveugles, et se décident, dès une légère opacification du cristallin, à l’intervention, sous anesthésie locale, en ambulatoire le plus souvent. Ils sont par ailleurs plus en confiance, parce qu’à la fois les appareils et la qualité des implants (sphériques ou multifocaux) ont progressé. Que, « depuis 8 ans, s’est généralisée la pratique d’une injection antibiotique (une céphalosporine de 3e génération) dans l’œil à la fin de l’intervention, ce qui a fait chuter les risques d’endophtalmie, le cauchemar des chirurgiens », se réjouit le Pr Korobelnik.
Autre gros « morceau » de l’ophtalmologie après 60 ans, la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) dont l’incidence, à âge égal, est stable, mais du fait du vieillissement de la population, a cru de façon exponentielle, 15 % des plus de 85 ans par exemple en étant atteints.
La maladie se déroule en trois étapes ; la première, la maculopathie liée à l’âge (MLA), est repérée au fond d’œil sur des drusen (des petits dépôts sous la rétine). On peut ici, à ce stade, faire des recommandations diététiques (une abstinence tabagique et un régime méditerranéen, équilibré), proposer une complémentation par des oméga3, des anti-oxydants, de la lutéine et de la zéaxanthine qui ont fait la preuve d’une réduction du risque de formes avancées de la maladie ; enfin, détailler les symptômes de la forme exsudative de DMLA qui doivent inciter à consulter en urgence, vision déformée en particulier, à rechercher œil par œil.
Des signes qui doivent alerter
« La MLA peut effectivement évoluer vers une forme humide, exsudative, de DMLA, celle-ci devant être rapidement diagnostiquée (sur des néovaisseaux sous-rétiniens) et traitée, par des injections intra-vitréennes d’anti-VEGF : Lucentis, Eyléa, qui ont l’AMM dans cette indication, et Avastin, hors AMM, pour lequel, parce que moins cher, une recommandation temporaire d’utilisation a été mise en place le 1er septembre 2015 à la demande expresse des Autorités de Santé », souligne-t-il.
Une perception déformée des objets, qui se produit en quelques jours, ou une vision réduite d’un œil doivent alerter et conduire à une consultation spécialisée dans la semaine et un traitement dans la foulée, en ville ou à l’hôpital, à raison d’une injection mensuelle.
Autre forme avancée de la maladie, au moins aussi fréquente que la forme humide, la forme sèche ou atrophique de DMLA, lentement progressive, sur plusieurs années pour laquelle il n’existe pas de traitement. « Un nouveau challenge ! », observe-t-il. À l’essai (préliminaire encore), un médicament, injectable dans l’œil toujours, qui bloque la cascade du complément.
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