Face à la menace que représente la résistance aux antibiotiques, cinq Académies (agriculture, dentaire, médecine, pharmacie et vétérinaire) se sont exprimées pour rappeler leur implication sur cette question, lors d’une séance exceptionnelle organisée à l’Institut Curie. Chaque année en France, 158 000 patients développent une infection liée à une bactérie multirésistante, et pas moins de 15 000 en meurent. D’après les projections, l’antibiorésistance pourrait ainsi tuer plus de 10 millions de personnes dans le monde en 2050 et coûter 100 000 milliards de dollars. Publiés en juin 2015 dans le rapport du groupe de travail spécial pour la préservation des antibiotiques - dit « rapport Carlet » - ces chiffres avaient conduit ces cinq Académies à constater que « le monde s’achemine vers une ère post-antibiotiques, où des affections courantes et des blessures mineures pourraient à nouveau tuer ». Quatre de ces Académies – rejointes cette année par celle de chirurgie dentaire – avaient mis en place une veille inter-académique permanente sur le sujet dès 2012.
Favoriser la prévention des maladies infectieuses par l’hygiène et la vaccination, permettre le diagnostic précoce grâce à des tests sensibles, rapides et économiques, éviter les prescriptions inutiles d’antibiotiques chez les médecins et les dentistes… Les cinq Académies appellent à adopter de meilleures pratiques, sans culpabiliser les uns ou les autres, mais de manière à ce que chacun réfléchisse aux solutions qu’il peut apporter dans son domaine. À l’image de l’activité d’élevage, qui, en France, a réduit de 20 % en 4 ans l’usage des antibiotiques, et qui, en 2013, est passée en dessous de la moyenne européenne en termes de consommation d’antibiotiques vétérinaires, des efforts de diminution générale des prescriptions doivent ainsi être réalisés par tous. Une réduction des prescriptions nécessaire, mais pas seulement : des actions de sensibilisation et de formation doivent être réalisées auprès de tous les praticiens, afin de les inciter à sélectionner le « bon » antibiotique, et à mieux identifier les malades porteurs de germes multi-résistants et asymptomatiques.
Signe – s’il en fallait – que le sujet est brûlant, l’antibiorésistance était également à l’agenda 2016 des instances internationales, Organisation des Nations Unies (ONU) et Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en tête. En septembre dernier, une réunion solennelle a été organisée sur le sujet, à l’issue de laquelle les chefs d’État et de gouvernement se sont engagés à élaborer des plans d’action nationaux, en se basant sur le Plan d’action mondial pour lutter contre la résistance aux microbiens. Ce Plan avait été élaboré en 2015 par l’OMS, en coordination avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). En outre, les dirigeants ont profité de la rencontre de septembre 2016 pour appeler l’OMS, la FAO et l’OIE, à coordonner leur planification et leurs actions, et à en rendre compte à l’Assemblée générale de l’ONU qui se tiendra en septembre 2018.
Phagothérapie
Parallèlement à cette mobilisation de la communauté internationale, la recherche sur les bactériophages – ou « phages » - s’est poursuivie. Des chercheurs de l’Institut Pasteur ont montré avec précision comment les phages détournent pour leur propre compte l’acide ribonucléique (ARN) de la bactérie infectée. À la fois génétique et métabolique, cette étude était attendue car elle décrypte pour la première fois au niveau moléculaire les mécanismes d’action qu’utilise le bactériophage pour détruire la bactérie hôte. Et les résultats sont encourageants : en effet, ces travaux permettent de donner un coup d’accélérateur à la recherche sur les phages, qui avait été mise entre parenthèses par certains scientifiques, et positionnent les phages – et la phagothérapie - comme une solution potentielle pour lutter contre l’antibiorésistance.
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