Quelques définitions
Constipation : insatisfaction lors de la défécation.
Constipation occasionnelle : il n’y a pas de définition consensuelle de la constipation occasionnelle. Cependant, et contrairement à la constipation chronique, la constipation occasionnelle est d’apparition récente, c’est-à-dire ressentie depuis quelques jours.
Constipation chronique : la constipation chronique peut être définie par les critères de Rome II. Il s’agit d’une plainte durant 12 semaines au cours des 12 derniers mois concernant au moins 2 des critères suivants : moins de 3 évacuations de selles par semaine, selles dures avec sentiment d’évacuation incomplète, effort excessif, nécessité de manipulation digitale pour aider l’évacuation.
Dépendance aux laxatifs : certains patients redoutent la constipation et prennent des laxatifs au long cours. Ils se retrouvent dans l’incapacité d’interrompre leur traitement. Dans certains cas, on observe même une prise de doses croissantes de laxatifs.
Maladie des laxatifs : ce phénomène accompagne la dépendance aux laxatifs, entraînant des complications telles qu’une hypokaliémie ou une colopathie.
Dyschésie : cette forme de constipation se traduit par une difficulté à vider le rectum, alors que le transit digestif se déroule normalement. Les causes sont les lésions anales telles que les hémorroïdes ou une fissure, ou des troubles fonctionnels.
Fécalome et fausse diarrhée : le fécalome est un obstacle très dur, résultant de l’accumulation des matières dans le sigmoïde. Ce phénomène est observé notamment en cas d’immobilisation, chez les sujets âgés par exemple. Cette stagnation des matières peut être à l’origine d’une irritation de la muqueuse avec hypersécrétion réactionnelle. Le patient évacue un liquide parfois glaireux lui donnant l’impression d’avoir une diarrhée. C’est le phénomène de « fausse diarrhée ». Le risque est alors de conseiller un antidiarrhéique ralentisseur du transit, qui accentue le trouble initial.
Un peu de physiopathologie
La constipation fonctionnelle résulte du ralentissement du péristaltisme intestinal, conduisant à une stagnation des selles dans le côlon. Cette forme de constipation, la plus fréquente, est principalement liée à un changement des habitudes alimentaires, à un manque d’exercice physique. Elle peut également être d’origine psychique, causée par le stress ou l’anxiété.
Une autre cause de constipation, notamment chez les enfants, est le retard d’évacuation des selles. La personne se retient pour différentes raisons. Les selles stagnantes dans le côlon se déshydratent, deviennent dures et sont par conséquent plus difficiles à évacuer. On observe également cette situation chez les sujets ressentant des douleurs lors de la défécation, notamment à cause d’hémorroïdes ou d’une fissure anale.
La constipation peut également être une conséquence d’un mauvais fonctionnement du sphincter anal.
Dans les cas chroniques, la constipation est secondaire à une maladie organique. On citera notamment les maladies digestives comme le syndrome de l’intestin irritable ou la diverticulose. Les troubles endocriniens comme l’hypothyroïdie, les troubles neurologiques tels que la neuropathie diabétique ou la maladie de Parkinson, ou encore une lésion au niveau du côlon, le cancer colorectal par exemple, peuvent également être à l’origine d’une constipation.
Enfin, la constipation d’origine médicamenteuse doit être évoquée en particulier chez les patients ayant un traitement à base d’antalgiques opioïdes, d’antihypertenseurs de type inhibiteurs calciques, de diurétiques, de médicaments antiparkinsoniens, de médicaments à effet anticholinergique comme les antihistaminiques H1 anticholinergiques ou certains antidépresseurs, ou encore de médicaments antiacides contenant de l’aluminium. Les suppléments alimentaires contenant du fer sont également à l’origine d’une constipation, notamment chez la femme enceinte.
Les mots du conseil
Quel que soit l’âge du patient, nourrisson, enfant, adulte, il est nécessaire de rappeler les règles d’alimentation à adopter en cas de constipation. Dans la plupart des cas, elles suffisent à corriger ce symptôme. Il est donc important de rappeler l’importance d’une alimentation riche en fibres, qui permettent d’augmenter le volume fécal et de favoriser ainsi son exonération. Concrètement, le pain complet, les céréales, les légumes verts, les crudités et les fruits (pomme, pruneau) sont à conseiller. À noter cependant qu’une augmentation trop rapide ou une prise trop importante de fibres peut être à l’origine de douleurs abdominales. Il est donc recommandé d’enrichir progressivement l’alimentation.
L’eau joue également un rôle important en cas de constipation. Elle assure l’hydratation des selles. Boire abondamment, entre 1,5 et 2 l par jour, est recommandé.
Si certains aliments sont conseillés, d’autres en revanche sont à éviter. De façon non exhaustive, on citera les choux, les frites, le riz blanc, les carottes cuites, les bananes ou encore les boissons gazeuses. Ces aliments sont d’ailleurs ceux qui seront conseillés en cas de diarrhées.
Pour le nourrisson, les différentes gammes de lait infantile proposent des produits spécifiquement étudiés pour les cas de constipation. Il s’agit généralement de laits 100 % lactose (Novalac Transit +, Picot Action transit).
La constipation peut survenir suite à une immobilisation prolongée, à un manque d’exercice physique. Dans tous les cas où cela est possible, la marche, le footing, la gymnastique ou encore le vélo seront conseillés.
Enfin, et c’est fréquemment le problème chez les enfants scolarisés ou chez les adultes actifs subissant certaines contraintes professionnelles (déplacements, déjeuner d’affaire…), il est recommandé de prendre le temps d’aller aux toilettes.
Les produits du conseil
Les laxatifs de lest sont recommandés en première intention. Ils agissent en augmentant la teneur des selles en fibres et autres constituants non digestibles. L’effet débute en 48 heures après la prise médicamenteuse. Plus précisément, on distingue les fibres alimentaires (son de blé) et les mucilages dont les principaux sont extraits d’algues (agar-agar), de gommes végétales (sterculia ou karaya) ou de graines (psyllium, ispaghul, lin). La prise de ces médicaments doit être associée à une absorption importante d’eau.
Médicaments également recommandés en première intention en alternance avec les précédents, les laxatifs osmotiques permettent d’augmenter l’hydratation des selles. L’effet débute entre 24 et 48 heures. Il s’agit de laxatifs polyols (lactulose, sorbitol, mannitol et lactitol), c’est-à-dire des sucres complexes. L’effet laxatif dépend de la dose administrée. Ils peuvent cependant être à l’origine d’une fermentation par la flore bactérienne entraînant des flatulences ou des douleurs abdominales, ce qui n’est pas le cas pour le macrogol (Forlax, Transipeg, Movicol). Une règle, la posologie initiale doit être minimale, puis augmentée progressivement par paliers de 3 à 7 jours jusqu’à obtention de l’effet thérapeutique. Des présentations spécifiques existent pour les enfants (Forlax 4 g, Movicol enfant).
Les laxatifs lubrifiants (paraffine seule ou en association) sont préconisés en cas de selles dures. Ils peuvent notamment être utilisés en cas de douleur anale, causée par une fissure par exemple. Attention, une utilisation prolongée peut réduire l’absorption des vitamines liposolubles (A, D, E et K).
Contrairement aux précédents, les laxatifs de contact sont administrés par voie rectale. Certaines présentations sont des suppositoires (Eductyl, Dulcolax, Glycérine), d’autres sont des dispositifs pour administration d’une solution rectale (Microlax) ou pour lavement (Normacol). Ces laxatifs déclenchent la vidange gastrique en stimulant la muqueuse rectale. Ils sont particulièrement indiqués en cas de dyschésie. L’effet est rapide. Une utilisation prolongée peut à terme entraver le réflexe normal d’exonération et entraîner une dépendance.
Correspondant à de nombreux médicaments conseils, les laxatifs stimulants stimulent, comme leur nom l’indique, la muqueuse rectosigmoïdienne. Ils sont indiqués en cas de constipation occasionnelle, sur des périodes courtes. Parmi eux, on citera les dérivés anthracéniques d’origine végétale (aloès, bourdaine, cascara, séné) ou les laxatifs salins (magnésium, sulfates, phosphates, tartrates), ces derniers étant peu conseillés. Le pharmacien sera vigilant quant au risque de dépendance lié à ces laxatifs stimulants, voire de maladie des laxatifs.
La démarche homéopathique est intéressante pour déterminer l’origine de la constipation et pour poser les questions pertinentes afin d’orienter vers le traitement adapté. Ainsi, si la défécation nécessite de gros efforts, que les selles soient molles ou dures, il est conseillé de prendre Alumina en 9 CH. Pour une constipation avec des selles très sèches, le conseil porte sur Bryonia alba 9 CH. En cas de constipation pendant la grossesse ou après l’accouchement, Collinsonia canadensis 9 CH ou Hydrastis canadensis 9 CH sont préconisés. Nux vomica 9 CH et Opium 5 CH sont également régulièrement utilisés. Enfin, Ignatia amara 9 CH ou Platina 5 CH peuvent être conseillés en cas de constipation pendant un voyage.
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Françoise Amouroux
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