PLUS DE 10 MILLIONS de victimes par an. Un chiffre effarant qui place le tabac en tête des causes de décès et d’incapacité d’ici à 2020, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « Le tabagisme entraînera alors plus de décès à travers le monde que le Sida, la tuberculose, la mortalité maternelle, les accidents de voiture, les suicides et les homicides combinés », augure l’instance internationale. La solution existe : l’arrêt du tabac. Mais c’est souvent plus facile à dire qu’à faire, malgré l’arsenal de produits d’aide au sevrage tabagique qui s’est largement étoffé ces dernières années. Aux côtés des patches, gommes et autres comprimés vendus dans les officines, un autre dispositif a actuellement le vent en poupe, la cigarette électronique. Elle a tout d’une bonne clope : l’aspect, le goût et la sensation. Même les émanations de fumée sont reproduites. L’avantage : elle ne contient pas de goudrons. Son principe est relativement simple. À l’extrémité de l’appareil, une diode simule visuellement la combustion. Une cartouche contenant du propylène glycol ou du glycérol, divers arômes, voire de la nicotine, s’échauffe au contact d’une résistance et produit une fumée artificielle.
Près d’un million d’e-fumeurs.
Entre 500 000 et 1 million de personnes tireraient aujourd’hui sur une e-cigarette. Un marché florissant dont le chiffre d’affaires avoisine déjà les 100 millions d’euros, c’est-à-dire autant que celui des produits consacrés à l’arrêt du tabac. Oui mais voilà, son efficacité tout comme sa nocivité éventuelle, entretiennent de vastes discussions chez les tabacologues. Spécialiste reconnu, le Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue et président de l’Office français de prévention du tabagisme, vient de remettre un rapport à la ministre de la Santé sur le sujet. Il propose un encadrement plutôt strict de l’utilisation et de la vente des cigarettes électroniques. Parmi la vingtaine de recommandations émises par le Pr Dautzenberg, figure l’interdiction aux mineurs, de crainte qu’elle ne favorise l’initiation au tabac chez les jeunes. Selon le rapport, les e-cigarettes n’ont pas non plus leur place dans les lieux publics, au même titre que leurs homologues de tabac et de papier. On n’aurait donc pas plus le droit de vapoter que de fumer dans les cafés ou sur les quais des gares.
Bertrand Dautzenberg préconise aussi que ces dispositifs ne soient vendus que dans des établissements agréés. Peut-être les cigarettes électroniques feront-elles donc leur apparition dans les officines… Car, jusqu’à présent, leur vente y est strictement interdite par le ministère de la Santé, à la suite d’une recommandation de l’ANSM* de mai 2011 déconseillant leur utilisation. L’agence considère en effet que certaines solutions contenues dans ces cigarettes comportent des quantités de nicotine plus ou moins importantes, qui, même à faible concentration, « peuvent conduire à des effets indésirables graves », notamment chez les enfants, en cas d’exposition accidentelle. Même si la toxicité de ces e-cigarettes n’a pu être démontrée à ce jour, en raison de l’absence de données suffisantes, l’ANSM estime toutefois qu’elles peuvent « exposer les utilisateurs qui n’étaient dépendants ni aux cigarettes, ni à la nicotine, à un risque de dépendance primaire, quelle que soit la quantité de nicotine contenue dans la cartouche ». Tout en soulignant que les e-cigarettes peuvent représenter « un moyen propre de prendre de la nicotine » chez les gros fumeurs, elles constituent aussi « un boulevard d’entrée potentiel dans le tabagisme », surtout pour les mineurs.
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques
Alzheimer : l’immunothérapie ouvre de nouvelles perspectives