L’usage de la cigarette électronique a permis à 18 % de fumeurs de devenir abstinents au bout d’un an, contre 9,9 % avec les substituts nicotiniques, selon une étude britannique publiée dans le « New England Journal of Medicine » (NEJM) du 30 janvier.
Cette étude, menée par l’équipe de Peter Hajek, pourrait contribuer à changer le statut de la cigarette électronique. Cette dernière n’est toujours pas considérée comme un outil de sevrage tabagique, alors que des milliers de fumeurs tentent d’arrêter le tabac en vapotant. En effet, les preuves de son efficacité sont peu nombreuses, à l’inverse, des substituts nicotiniques, de la varénicline et du bupropion. Les essais jusqu’alors réalisés sur l’e-cigarette présentaient des défauts méthodologiques, utilisaient des e-cigarettes de première génération, ou n’avaient pas de résultats à long terme.
Mais cette fois-ci, l’étude de Peter Hajek semble robuste : il s’agit d’un essai multicentrique et randomisé, mené par le Service national de la santé britannique.
Au total, 886 fumeurs ont reçu soit des substituts nicotiniques de leur choix (gommes, patchs, inhalateur…), soit une cigarette électronique de 2e génération avec du e-liquide dosé à 18 mg de nicotine par ml pour débuter. Tous ont eu un soutien psychologique hebdomadaire durant au moins un mois. Au bout d’un an, 18 % du groupe vapoteur étaient abstinents, contre 9,9 % dans le groupe ayant utilisé des substituts nicotiniques, ce résultat ayant été validé biochimiquement par une mesure du taux de monoxyde de carbone exhalé. « La cigarette électronique fait donc presque deux fois mieux que les substituts nicotiniques classiques. Les résultats sont comparables à ceux obtenus avec le bupropion associé aux substituts nicotiniques, ou avec la varénicline », indiquent les auteurs. De plus, la toux et les mucosités ont baissé de façon plus importante dans le groupe vapoteur. Quant aux effets indésirables, l’étude ne montre rien d’inquiétant à court terme : on a relevé plus d'irritation de la gorge et de la bouche avec l’e-cigarette et plus de nausées avec les substituts nicotiniques.
Quid de l'effet à long terme ?
En revanche, l’étude montre que le vapotage dure dans le temps. On observe que 80 % des fumeurs qui sont devenus abstinents à un an avec l’e-cigarette continuent de l'utiliser (63 sur 79), alors que seulement 9 % (4 sur 44) de l'autre groupe avaient encore recours aux substituts. Quelles sont les conséquences sur la santé à long terme, sachant que les vapeurs d’e-cigarettes renferment de nombreuses toxines, même si elles sont présentes en moindre quantité que dans la cigarette classique ? À défaut de le savoir, la prudence reste de mise.
Cependant, cette étude est suffisamment probante pour que deux chercheurs américains, Belinda Borreli et George O’Connor (université de Boston) émettent des recommandations d’usage de la cigarette électronique. « Les cigarettes électroniques peuvent être utilisées dans le sevrage tabagique, mais uniquement lorsque les traitements approuvés par les autorités de santé américaines, associés à des conseils comportementaux, échouent », préconisent-ils dans un éditorial du NEJM. Ils ajoutent que « les patients devront utiliser la dose la plus faible nécessaire pour gérer leurs envies de fumer ». En revanche, aucune une durée d’utilisation n'est conseillée.
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