Parmi les nombreux cancers qui ont été associés à l’obésité, le cancer de l’endomètre est celui qui présente la plus forte association à l’indice de masse corporel. Aux États-Unis, on estime qu’une tumeur de l’endomètre sur deux est en lien avec l’excès de poids. Peu de travaux se sont intéressés à l’impact de la chirurgie bariatrique sur l’incidence de ces cancers, un seul travail mené par Argenta et publié dans le BJOG en 2013 montrait une réduction de l’hyperplasie endométriale après la procédure, sur un petit nombre de patientes. Une équipe californienne conduite par le Dr Kristy K. Ward a étudié l’impact de la chirurgie bariatrique sur le risque de cancer de l’endomètre. L’étude rétrospective a été bâtie à partir de données provenant de 116 centres académiques médicaux et de 276 hôpitaux totalisant 7 431 858 admissions sur une période de 4 années consécutives. Les patientes étaient âgées de 52, 6 ans en moyenne, majoritairement de race blanche (56,6 %), 21,3 % de race noire ; 1,4 % avaient subi une chirurgie bariatrique et 0, 60 % avaient eu un diagnostic de cancer de l’endomètre. Le risque de tumeur maligne de l’endomètre, sur l’ensemble de la population, était de 2,8 fois plus élevé chez les femmes obèses par rapport aux femmes de poids normal, indépendamment de la chirurgie.
À l’admission, le taux de cancer de l’endomètre sur l’ensemble des femmes non opérées était de 0,6 % (599/100 000), de 1,4 % chez les femmes non opérées obèses, de 0,5 % chez les femmes non opérées de poids normal, de 0,4 % chez les femmes opérées, de 0,7 % chez les femmes opérées conservant une obésité en postopératoire et enfin de 0,3 % chez celles ayant maintenu la perte de poids. Le risque relatif de cancer de l’endomètre entre femmes obèses ayant bénéficié d’une chirurgie comparée aux femmes obèses n’en ayant pas bénéficié est de 0,29 (IC 95 % 0,26-032). « Ces données nous permettent d’estimer à 71 % la réduction du risque de cancer de l’endomètre après chirurgie bariatrique, avec un taux atteignant 81 % dès lors que la perte de poids est maintenue au long cours » écrivent les auteurs.
Moins d’œstrogènes circulants.
L’un des effets les plus remarquables de la chirurgie métabolique est la diminution de l’insulinorésistance, observée de façon très précoce, dès le 6e jour postopératoire. Lorsque l’insulinorésistance s’améliore, le taux de SHBG (sex hormone binding globuline) augmente ce qui entraîne une diminution de la conversion périphérique des estrogènes, donc au final une diminution du taux d’estrogènes disponibles. C’est aussi la principale explication avancée dans le travail d’Argenta.
Cette étude est observationnelle, et, par prudence, les auteurs rappellent qu’il n’est pas possible d’en tirer un lien de causalité. Elle ne tient pas compte de l’importance de la perte de poids. Néanmoins, ce bénéfice vient s’ajouter à ceux déjà démontrés, métaboliques, cardio-vasculaires et articulaires.
Gynecologic Oncology 133 (2014) : 63-66
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