Quelques définitions
L’émail dentaire : tissu externe de la dent situé au niveau de la couronne dentaire (partie visible de la dent) et recouvrant la dentine. Sa composition essentiellement minérale (cristaux d’hydroxyapatite de calcium) lui confère une consistance très dure.
La dentine : tissu recouvert par l’émail au niveau de la couronne et par un cément au niveau de la racine dentaire. Composée d’hydroxyapatites, de matière organique et d’eau, la dentine est moins dure et plus élastique que l’émail. Elle est également vascularisée et innervée.
La pulpe dentaire : c’est la partie la plus interne de la dent. C’est aussi la partie vivante et sensible de la dent, car vascularisée et innervée. Elle est entourée par la dentine.
La plaque dentaire bactérienne : substance blanchâtre qui se dépose à la surface de la dent. Elle est essentiellement constituée de protéines salivaires, de restes alimentaires (sucres), de bactéries et des toxines secrétées par ces dernières. Cette plaque dentaire favorise la formation de caries. En se minéralisant, la plaque dentaire devient le tartre.
La carie dentaire : elle correspond à la formation d’une cavité dans la dent, évoluant vers une destruction progressive de celle-ci. La carie dentaire évolue toujours de l’extérieur vers l’intérieur de la dent. Elle devient douloureuse lorsqu’elle atteint la pulpe et le nerf dentaire.
Les aliments cariogènes : ce sont tous les aliments favorisant l’apparition et le développement de la carie. Il s’agit notamment des aliments riches en glucides et lentement solubles dans la salive, qui constituent un substrat pour les bactéries.
Certains aliments sont au contraire dits cariostatiques parce qu’ils favorisent le pouvoir tampon buccal. On peut citer par exemple les lipides, les caséines de fromages, les minéraux, le calcium, le fluor ou le phosphore.
La fluorose : intoxication chronique en fluor, causée par un surdosage. Elle se traduit par une tache blanche au niveau de l’émail. Dans les cas les plus graves, on observe une détérioration de l’émail.
L’intoxication aiguë quant à elle se manifeste à partir de 5 mg de fluor par kg. D’un point de vue symptomatique, elle se traduit par des troubles digestifs, et peut entraîner le décès.
Le sillon dentaire : zone anfractueuse située à la surface de la dent et difficile à atteindre par le brossage.
Le scellement : acte dentaire permettant le comblement des sillons avec un matériau adhésif fluide et limitant ainsi le développement de la plaque bactérienne. Il est pris en charge par l’Assurance-maladie pour les premières et deuxièmes molaires permanentes, chez les enfants de moins de 14 ans présentant un risque carieux.
Un peu de physiopathologie
La présence de bactéries cariogènes, une alimentation acide et riche en sucre, et un terrain individuel approprié constituent les trois éléments nécessaires au développement de la carie dentaire (selon le schéma de Keyes). Au sein de la plaque dentaire, les bactéries cariogènes (streptocoques mutans ou lactobacilles) se développent, entraînant une diminution du pH et créant un milieu propice à la déminéralisation de l’émail. La déminéralisation est la première étape de la carie dentaire. La seconde étape correspond à l’atteinte de la dentine. À ce stade, la dent devient sensible au chaud, au froid, au sucré et aux aliments acides. Des douleurs spontanées sont observées lorsque la pulpe est atteinte. Il est alors indispensable de consulter un dentiste. En effet, le processus carieux ne cesse pas sans traitement et peut évoluer vers l’abcès c’est-à-dire une infection bactérienne des tissus environnant la dent, tels que le ligament, l’os ou la gencive. En outre, l’infection dentaire est une porte d’entrée des microbes dans l’organisme.
Le terrain individuel joue également un rôle important dans ce processus. Un émail mince ou mal minéralisé résiste moins aux aliments acides. De même, des dents très anfractueuses, au relief accentué, favorisent la rétention des restes alimentaires, permettant le développement de la plaque bactérienne. La ménopause et le stress seraient également des facteurs de risque de carie.
Le poids des chiffres.
Depuis plusieurs années, la prévalence de la carie tend à diminuer dans les pays industrialisés grâce notamment à l’utilisation de dentifrices fluorés, mais également aux progrès réalisés en odontologie et aux efforts faits en matière d’éducation sanitaire. Mais si les chiffres sont globalement positifs, on observe cependant une hétérogénéité inquiétante au sein de la population, les enfants issus des milieux socio-économiques défavorisés demeurant les plus concernés par le risque de carie. De plus, selon une étude menée en Flandres, la moitié des caries se retrouverait chez 15 % des enfants de 5, 7 et 12 ans*.
Les mots du conseil
Au quotidien, la vente de dentifrice ou de brosses à dents peut devenir un geste banal. Mais comme pour tous les autres produits de santé disponibles à l’officine, cette dispensation doit être l’occasion de rappeler les mesures préventives contre la carie, en particulier chez les jeunes enfants et les adolescents. Le brossage est évidemment un élément essentiel pour la santé bucco-dentaire. Dès le plus jeune âge et même s’il s’agit des dents non définitives, il est conseillé de se brosser les dents. D’un an à trois ans, avec l’aide de ses parents et avec une brosse à dents spéciales, l’enfant peut acquérir les bons gestes pour un brossage efficace. À ce stade, le dentifrice fluoré n’est pas conseillé, pour éviter les risques d’ingestion.
On considère qu’entre 3 et 7 ans, les doses possibles d’ingestion de dentifrice lors du brossage sont de l’ordre de 60 à 30 %. Il est donc nécessaire que l’enfant sache se rincer correctement la bouche et recracher le dentifrice avant d’utiliser un dentifrice fluoré. Pour les enfants de 4 à 6 ans, l’UFSBD (Union française pour la santé bucco-dentaire) préconise la méthode de brossage « boubou ». Au comptoir, il est intéressant d’en rappeler le principe, en s’aidant par exemple du site internet sur lequel une démonstration est disponible. Les poils de la brosse doivent être à cheval sur les dents. Toutes les dents doivent être brossées, en faisant un geste de va-et-vient. Le brossage est conseillé après chaque repas important, au moins deux fois par jour. Il doit durer au moins trois minutes, le temps d’une chanson par exemple. La quantité de dentifrice à appliquer sur la brosse ne doit pas dépasser la grosseur d’un pois.
Le comptoir est également l’occasion de rappeler l’impact de l’alimentation sur les dents. Les aliments et boissons acides ou sucrés, mais aussi le grignotage, sont des facteurs de risque de caries. L’objectif n’est pas de les supprimer, mais d’en réduire la consommation. Se brosser les dents après chaque repas important, avec un dentifrice fluoré, permet de limiter le développement des caries, à condition de ne pas grignoter dans la journée.
Enfin, en cas de douleur dentaire vive, il est probable que la carie soit à un stade de développement avancé, avec atteinte de la pulpe. Le risque d’abcès rend indispensable la consultation par un dentiste. Un antalgique peut permettre d’atténuer la douleur en attendant d’obtenir un rendez-vous.
Le pharmacien, acteur de la prévention.
Plusieurs mesures de prévention ont été mises en place en France. L’Assurance-maladie a notamment élaboré le programme « M’T dents », pour promouvoir la consultation dentaire des enfants et des adolescents, et pour en faciliter l’accès (consultation gratuite, sans avance des frais). De même, l’UFSBD met à disposition sur son site internet des informations d’ordre technique (scellement des sillons, brossage…) ou administratif (remboursement). Le pharmacien, en tant que professionnel de santé, peut aider à promouvoir les actions de prévention, en expliquer l’intérêt, et rappeler l’importance d’une consultation dentaire annuelle, quel que soit l’âge.
Les produits du conseil
Les bénéfices du fluor contre la carie sont globalement reconnus, même si des controverses les remettent en cause régulièrement. La plupart des dentifrices en contiennent, à des dosages différents selon qu’il s’agit de médicaments ou de produits de parapharmacie (maximum 1 500 ppm). Le fluor (les ions fluorures) permet de renforcer l’émail et ainsi, d’augmenter sa résistance aux attaques acides. Le fluor est également bactéricide, limitant la prolifération des germes au sein de la plaque dentaire. Enfin, le fluor favorise la reminéralisation des lésions carieuses de l’émail. Outre un apport externe par les dentifrices ou les bains de bouche fluorés, le fluor peut également être administré par voie orale (ZYMAFLUOR) chez les patients à haut risque carieux, sur prescription médicale, ou appliqué sur les dents sous forme de vernis, par le dentiste.
Chez les plus jeunes, et après s’être assuré qu’ils savent recracher, il est conseillé d’utiliser un dentifrice à teneur réduite en fluor, inférieure à 500 ppm. Les dentifrices pour les enfants à partir de huit ans et les adultes présentent un dosage supérieur à 1 000 ppm, jusqu’à 2 500 ppm. ?Plusieurs types de fluorures existent (fluorure de sodium, fluorure d’amine…). Attention, des risques de surdosage existent avec le fluor. Ils sont généralement causés par la multiplication des sources de fluor. Avant toute supplémentation en fluor, il est nécessaire de connaître les apports provenant de l’alimentation (eau, sel fluoré).
Autre substance utilisée dans certains dentifrices (Elgydium) pour prévenir la carie dentaire, la chlorhexidine dispose d’une action bactéricide.
Les brosses à dents de type souple ou médium sont à conseiller préférentiellement pour ne pas blesser les gencives. Il est recommandé de changer de brosse à dents tous les trois mois. Les brosses à dents électriques donnent également des résultats très satisfaisants, comparativement aux brosses à dents manuelles.
Dans les cas où il n’est pas possible de se laver les dents avec un dentifrice fluoré, il peut être recommandé de mastiquer un chewing-gum sans sucre. Selon certaines études récentes, le chewing-gum stimule le flux salivaire. La salive a un effet neutralisant sur les acides et limite ainsi les risques de caries. Attention, cette solution ne doit pas se substituer complètement au brossage.
Enfin, en cas de traitement homéopathique, il existe des dentifrices à base de fluor spéciaux développés par le laboratoire Boiron (Homéodent).
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Françoise Amouroux
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