Microbiologie

Portraits-robots des principaux virus de la saison froide

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Publié le 08/12/2020
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Plusieurs facteurs concourent à faciliter la propagation de nombreux virus au cours de la saison hivernale, comme la promiscuité, un air sec plus favorable à la dissémination des microparticules renfermant des virus et une muqueuse nasale plus fragile et donc plus vulnérable. Petite revue des principaux acteurs concernés.
Rhinovirus responsable des rhumes communs. Représentation de la surface moléculaire d'un virus.

Rhinovirus responsable des rhumes communs. Représentation de la surface moléculaire d'un virus.
Crédit photo : J-Y SGRO/PHANIE

Les adénovirus

- Les virus : plusieurs dizaines de sérotypes sont connus ; certains peuvent déterminer une infection latente, particulièrement dans les amygdales. Ces virus peuvent conserver leur infectiosité pendant un mois sur des surfaces et objets.

- Épidémiologie : les pics épidémiques concernent plus volontiers des communautés (crèches, écoles, casernes, piscines).

- Physiopathologie : chez les patients immunocompétents, la plupart des infections sont asymptomatiques. En cas d’infection symptomatique (surtout chez les enfants), le spectre des manifestations cliniques possibles est large : fièvre, toux, pharyngite, amygdalite, otite, conjonctivite, gastro-entérite. De rares syndromes graves chez le nourrisson comprennent une bronchiolite et une pneumonie sévères.

Le virus influenza (grippe)

- Les virus : les virus de la grippe ou orthomyxovirus influenzae existent sous trois types, A, B et C. L’enveloppe virale porte deux principales glycoprotéines virales, l’hémagglutinine (permet l’attachement du virus à la membrane cytoplasmique des cellules hôtes) et la neuraminidase (permet la libération des particules virales nouvellement formées à la fin de chaque cycle réplicatif) qui est la cible des inhibiteurs de neuraminidase comme l’oseltamivir - Tamiflu. Les virus grippaux sont connus pour leur grande capacité de mutation : glissement ou cassure/saut antigénique.

- Épidémiologie : dans l’hémisphère nord, la grippe sévit sous forme d’épidémie saisonnière annuelle, le plus souvent entre octobre et avril.

- Physiopathologie : la grippe touche plus fréquemment les enfants que les adultes. La durée d’incubation varie entre 2 et 5 jours. Les symptômes surviennent typiquement très brutalement, avec une fièvre à 40 °C, des douleurs diffuses (polymyalgies), des céphalées, des arthralgies, un écoulement nasal, une toux sèche et parfois des douleurs pharyngées ; une otite peut survenir chez le jeune enfant. La durée de portage et la charge virale sont plus élevées chez les enfants et les sujets immunodéprimés. Les signes cliniques disparaissent en 5 jours environ. Les grippes malignes sont des pneumopathies purement virales associant une nécrose de la muqueuse respiratoire à un œdème hémorragique massif remplissant les alvéoles.

Les virus parainfluenza

- Les virus : on en connaît 4 types (1 à 4).

- Épidémiologie : ces infections surviennent dans la petite enfance, surtout avant l’âge de 5 ans. N’étant pas immunisantes, les infections sont fréquentes tout au long de la vie.

- Physiopathologie : à côté de nombreuses infections inapparentes, ces virus engendrent, comme leur nom l’évoque, des infections assez voisines de la grippe, localisées à l’arbre respiratoire. Ils sont les principaux agents des laryngites aiguës du nourrisson et de l’enfant, associant fièvre, toux rauque, voix enrouée, voire une dyspnée inspiratoire.

Les rhinovirus

- Les virus : on connaît trois espèces ayant un tropisme respiratoire (A, B et C) et de nombreux types (plus d’une centaine). Leur nom provient du fait qu’ils sont particulièrement bien adaptés à la croissance au sein des voies nasales.

- Épidémiologie : ces virus circulent toute l’année, avec des pics épidémiques. Les enfants en sont le principal réservoir.

- Physiopathologie : l’incubation est en moyenne de 2 jours. Les rhinovirus sont responsables de la majorité des infections bénignes des voies aériennes supérieures, mais aussi de bronchiolites chez l’enfant, d’exacerbations de pathologies respiratoires chroniques (asthme, BPCO) et de pneumopathies communautaires (acquises hors de l’hôpital ou dans les 48 premières heures d’une hospitalisation).

Le virus syncytial respiratoire (VRS)

- Les virus : on en distingue deux groupes de souches, A et B. Ils induisent l’apparition de cellules multinucléées ou syncytium (provenant de la fusion de plusieurs cellules).

- Épidémiologie : le VRS est le grand responsable des bronchiolites virales aiguës chez l’enfant (pour 25 % il s’agit de rhinovirus), sévissant sous forme d’épidémies hivernales 1 nourrisson sur 4 (moins de 6 mois dans 80 % des cas). À l’âge de 2 ans, presque tous les enfants ont rencontré ce virus. Une infection sévère (à type de bronchite fébrile) peut s’observer chez les adultes immunodéprimés ou chez les sujets très âgés.

- Mode de propagation : ce virus est très contagieux ; transmission directe via les sécrétions contaminées ou indirecte (mains, jouets…).

- Physiopathologie : le tableau débute par une rhinopharyngite, puis surviennent une toux sèche, en quintes (coqueluchoïde), une polypnée avec dyspnée expiratoire ou « frein expiratoire ».

Et aussi…

- Les virus à l’origine de la gastro-entérite : l’agent infectieux le plus souvent responsable de gastro-entérites chez le nourrisson est représenté par le rotavirus, qui peut également causer des formes symptomatiques chez les personnes âgées. D’autres virus peuvent aussi être impliqués : calicivirus, astrovirus…

- Les infections à hMPV : virus proches du VRS et responsables de bronchiolites

- Les bocavirus : récemment identifiés chez l’homme, ils peuvent entraîner des rhinites, bronchiolites et pneumonies.

- Le métapneumovirus : c’est un virus analogue au VRS mais différent. Son épidémiologie saisonnière est similaire à celle du VRS, mais son incidence semble considérablement moins élevée. Il provoque principalement des bronchiolites infantiles, des pneumonies et des otites, et sévit également chez les personnes âgées. Ce virus peut être un cofacteur de surinfections bactériennes.

 

 

 

Didier Rodde

Source : Le Quotidien du Pharmacien