« CETTE ÉTUDE phare porte sur une collection de près de 2 000 échantillons de cancers du sein. Chaque tumeur a été analysée pour ses mutations ADN, et celles-ci ont été examinées ensuite afin de déterminer comment elles altèrent l’expression génique », explique au «?Quotidien?» le Pr Sohrab Shah (University of British Columbia, Canada), un des chercheurs de l’équipe internationale.
Les chercheurs ont analysé le nombre de copies et l’expression génique dans une première série de 997 échantillons tumoraux congelés (groupe de découverte), puis dans une autre série de 995 échantillons tumoraux congelés (groupe de validation) ; le suivi clinique à long terme des patients correspondants était connu.
« L’analyse moléculaire détaillée et la grande taille de l’étude ont abouti à la nouvelle description de 10 sous-types de cancer du sein ayant une signification pronostique, ainsi qu’à l’identification de nouveaux gènes du cancer du sein qui pourraient être responsables du développement et de la progression du cancer du sein. »
« Actuellement en pratique clinique, les patientes sont classées sur la base de 3 protéines récepteurs – le récepteur à l’estrogène (ER), le récepteur à la progestérone (PR) et l’HER2 – qui sont exprimées ou non par leur cancer du sein. Les classes les plus fréquentes sont ER-positif, HER2-positif et triple-négatif (ces tumeurs n’expriment aucun des 3 récepteurs) et les traitements administrés sont différents. Les cancers ER-positifs sont traités par hormonothérapie (tamoxifène ou inhibiteurs de l’aromatase), et les cancers HER2-positifs sont traités par trastuzumab (herceptine). Dans les quinze dernières années, le profil moléculaire basé sur les études d’expression génique a révélé environ cinq sous-groupes stables qui divisent les cancers ER-positifs en deux classes différentes. »
Des caractéristiques moléculaires distinctes.
« Notre étude établit de nouveaux sous-groupes des cancers du sein, chacun ayant des caractéristiques moléculaires distinctes. Elle améliore la sous-classification clinique actuelle, et procure des indices moléculaires pour expliquer pourquoi certains patients dans certains sous-groupes cliniques actuels ont une évolution favorable tandis que d’autres non. »
« En particulier, nous avons découvert un groupe ER-positif ayant un taux de morbidité élevé qui est caractérisé par un profil moléculaire distinct des tumeurs ER-positif ayant un pronostic plus favorable. Cela fournit les raisons fondées, et des cibles moléculaires, pour privilégier de nouvelles thérapeutiques ou réorienter les thérapeutiques existantes pour ce groupe dans le contexte d’essais cliniques. »
« Nous avons aussi identifié un groupe de 17 % des cancers du sein qui ne semblent pas avoir d’altérations ADN au niveau de résolution de notre étude. Cela suggère une “classe” différente de cancers du sein qui pourraient être sensibles à des traitements plus personnalisés et justifie des analyses moléculaires plus approfondies qui sont complémentaires aux expériences que nous avons effectuées. »
Les prochains objectifs. « Nos prochaines étapes seront d’étudier la fonction des nouveaux gènes du cancer que nous avons identifiés. Nous savons qu’ils sont importants, mais nous ne savons pas encore précisément comment ils agissent dans le contexte de la biologie moléculaire des tumeurs. »
« Nous continuons aussi à analyser la séquence ADN de certains sous-types, afin d’identifier les mutations précises qui s’associent à ces sous-groupes. »
« Enfin, nous continuons d’analyser les données pertinentes afin de construire des éléments de classification moléculaire robustes du cancer du sein et d’évaluer leur importance pour prédire la réponse au traitement dans les contexte des essais cliniques. »
Avant d’introduire dans la pratique clinique cette classification en 10 sous-groupes, les chercheurs devront prouver qu’elle procure un bénéfice supplémentaire pour les patientes affectées de cancer du sein. Cela devrait prendre entre trois et cinq ans.
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