Tout aliment peut entraîner une allergie IgE médiée. L’allergie du jeune enfant au lait ou à l’œuf guérit souvent avec l’âge, mais pas l’allergie à l’arachide et aux fruits à coque, responsable de manifestations sévères et de plus en plus fréquente.
L’anaphylaxie est la forme la plus sérieuse de l’allergie alimentaire IgE médiée (2). « Le diagnostic d’anaphylaxie est clinique. En dehors du choc, y penser devant l’apparition brutale de signes touchant au moins 2 organes : cutanéo-muqueux (prurit, urticaire…), respiratoires (stridor, angio-œdème laryngé, bronchospasme…), digestifs (crampes abdominales, vomissements), cardiovasculaires (tachycardie, hypotension artérielle…), neurologiques (apathie, agitation…) » rappelle le Dr Pouessel, pédiatre au CH de Roubaix.
Le Dr Deschildre, pédiatre au CHRU de Lille, invite à limiter les abus diagnostiques : « Une urticaire indépendante de l’alimentation et qui dure plus de quelques heures n’est pas une allergie alimentaire ; dans la dermatite atopique de l’enfant, envisager l’allergie alimentaire dans les formes très précoces, sévères et résistantes au traitement bien conduit. L’amélioration après éviction conforte le diagnostic ».
La diversification alimentaire est préconisée dès le 4e mois, quel que soit le terrain familial car l’introduction précoce des aliments peut prévenir l’allergie alimentaire y compris à l’arachide (3).
L’adrénaline, traitement de l’anaphylaxie
Devant une suspicion d’allergie alimentaire, l’interrogatoire minutieux par l’allergologue oriente l’enquête allergologique. Des prick-tests avec aliments natifs sont complétés de dosages biologiques (IgE spécifiques ; IgE vis-à-vis de déterminants moléculaires ou « recombinants »).
La prise en charge comprend un régime d’éviction ciblé de l’allergène (diététicienne, éducation thérapeutique si besoin). Le protocole d’urgence (cf. modèles sur sp2a.fr ou lesallergies.fr) permet de savoir reconnaître et traiter les symptômes avec la trousse d’urgence. Celle-ci doit toujours être disponible, y compris à l’école et à la cantine. Elle contient « un antihistaminique, un bronchodilatateur et – si antécédent ou facteur de risque d’anaphylaxie (terrain d’asthme, allergie à l’arachide et fruits à coque, réaction à des traces d’aliment…)-, un auto-injecteur d’adrénaline. Les corticoïdes sont inutiles en urgence (délai d’action trop long) », précise le Dr Pouessel. Le projet d’accueil individualisé (PAI) précise les conditions de restauration et le traitement d’urgence. Demandé par les parents, coordonné par le médecin scolaire, il s’appuie sur le diagnostic précis de l’allergologue. Un document national unique sera bientôt disponible.
Allergies alimentaires non IgE médiées
Le syndrome d’entérocolite induite par les protéines alimentaires ou « SEIPA » (5), a fait l’objet de recommandations (4). Il s’observe à tout âge avec des allergènes variés, surtout le lait de vache chez le nourrisson. « La forme aiguë se manifeste 1 à 4 heures après le repas : vomissements incoercibles, pâleur et léthargie, parfois suivis de diarrhée. Cela ressemble à une gastroentérite aiguë qui se répète si le diagnostic tarde ! Déshydratation et choc hypovolémique en font la gravité. Une forme chronique du nourrisson nourri au lait de vache ou de soja est décrite (mauvaise prise pondérale, hypotrophie, diarrhée, sang dans les selles, vomissements répétitifs…) », note le Dr Deschildre. Le traitement est l’éviction de l’aliment causal. En cas d’accident aigu, antihistaminiques et adrénaline ne sont pas indiqués.
(1) Rancé F. et al., Clin Ex. Allergy 2005;35:167-72.
(2) Sampson HA. et al., J Allergy Clin Immunol 2005;115:584-91.
(3) Du Toit G et al, N Engl J Med. 2016;374:1435-43.
(4) Nowak-Wegrzyn A. et al., J Allergol Clin Immunol 2017;27:1-18.
(5) Pouessel G. et al., Rev Fr Allergol 2017;57:133-135.
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