C'est une étude de plus en faveur de la contre-indication de l'ibuprofène tout au long de la grossesse. Cette fois, ce sont ses effets nocifs sur la fertilité de la petite fille naître qui sont pointés du doigt, lors de son utilisation au cours du premier trimestre de grossesse de la mère.
Après avoir démontré les conséquences néfastes sur le développement de l'appareil reproducteur masculin chez le garçon à naître dès le premier trimestre de grossesse, les chercheurs pointent cette fois les effets nocifs sur la fertilité de la fille à naître. L'INSERM de Rennes s'est penché sur les effets de l'ibuprofène sur les tissus ovariens de 185 fœtus ayant 7 à 12 semaines de développement, obtenus à la suite d'un avortement, avec l'accord de la mère. Publiée dans la revue « Human Reproduction », l'étude met en évidence que l'ibuprofène traverse la barrière placentaire et expose le bébé à la même dose que la mère. Or cette exposition entraîne chez le fœtus soit la mort des cellules responsables de la fabrication des follicules dans les ovaires, soit un frein à leur croissance et à leur capacité à se multiplier au rythme habituel.
Les auteurs notent : « Il y avait des effets significatifs après sept jours d'exposition à l'ibuprofène et nous avons constaté la mort cellulaire dès deux jours de traitement. Cinq jours après l'arrêt du médicament, ces effets nocifs n'étaient pas complètement inversés. » Les tissus ovariens exposés pendant une semaine à l'ibuprofène avaient environ deux fois moins de cellules ovariennes qu'un tissu fœtal non exposé. Ce qui fait dire aux chercheurs : « Une réserve initiale mal stockée de follicules se traduira par une durée de vie reproductive raccourcie, la ménopause précoce ou l'infertilité, des événements qui se produisent des décennies plus tard dans la vie. » Pour autant, l'INSERM de Rennes précise que le but « n'est pas de semer la psychose en cas d'une ou deux prises isolées au début d'une grossesse méconnue » mais bien de faire prendre conscience qu'il faut « éviter les prescriptions sur plusieurs jours ». Et plus généralement éviter « le recours facile aux médicaments et sans contrôle médical ».
Actuellement, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) contre-indique l’usage d’anti-inflammatoires non-stéroïdiens chez la femme enceinte au-delà de la 24e semaine d’aménorrhée. Une recommandation qui pourrait évoluer avec les récentes études sur les conséquences de la prise d'ibuprofène au premier trimestre de la grossesse.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques