LES PLUS GRANDS MYSTÈRES entourent l’origine de la solution Hepatoum. L’inventeur de la formule, le lieu de l’invention et même l’année de la découverte restent inconnus… Ce qui laisse place à toutes les hypothèses ! L’une d’entre elles situerait le berceau du fameux élixir en Amérique latine… En effet, ses premières traces sont apparues sous la forme d’un document – un certificat de contrôle intérieur – précisant l’origine géographique de la formule et l’identité de la personne qui en avait fait la demande. Celui-ci portait le nom d’Ernest Marie Auguste Daumas et exerçait en tant que pharmacien dans la ville de Pantin, aux portes de Paris. Les raisons de sa commande ne sont pas plus expliquées. Car on peut légitimement s’interroger sur la démarche quand on sait que les traitements de l’insuffisance hépatique sont légion en cette période de l’entre deux guerres : extraits total de la glande hépatique additionné d’extrait intestinal sont alors - et notamment - recommandés dans les affections du foie et autres encombrements du système digestif. Sous forme de solution, les formules sont tout autre et se basent volontiers sur l’action des sels minéraux, favorables à la digestion, que contiennent les eaux gazeuses issues de différentes sources naturelles.
Les vertus d’une eau.
Le bassin de Vichy, dans l’Allier, est ainsi investi de nombreuses entreprises décidées à exploiter les vertus des eaux minérales. Le laboratoire Hepatoum, qui, depuis, s’est érigé en laboratoire pharmaceutique, n’échappe pas à la règle. Il implante son usine au sein des établissements Guerrier, ancienne fabrique des eaux éponymes, dans la commune de Saint Yorre et peut ainsi puiser directement à la source l’eau minérale, élément principal dont est constituée la solution buvable Hepatoum. Provenant d’un groupement de sources nommées Royales, le précieux liquide est riche de nombreux oligo-éléments, mais également en bicarbonate de sodium. Cet antiacide efficace et naturel est traditionnellement utilisé pour soigner les maux d’estomac et reconnu pour son intérêt dans les problèmes de digestion et les cas d’hyperacidité gastrique. Mais là ne se bornent pas les vertus de cette eau qui fait également preuve d’une action régulatrice sur le débit biliaire et d’un effet antispasmodique sur le colon. Autant d’effets qui, dans la formule de la solution Hepatoum, vont être renforcés par une association d’actifs : le macéré de Curcuma Longa et d’Anémone Pulsatilla, et l’Alvérine. Le premier est utilisé pour ses pouvoirs cholérétiques - augmentant ainsi la sécrétion biliaire, et cholagogue - facilitant son évacuation. Le végétal, recommandé en cas de troubles de la digestion et plus spécifiquement lors d’indigestion et d’acidité gastrique, est également utilisé pour stimuler l’appétit. Le second est un antispasmodique d’origine chimique. Combinés à l’eau minérale, ils forment un cocktail détonant, bénéficiant du statut de médicament indiqué pour la digestion et les problèmes hépatiques… Une association de bienfaiteurs qui, indifférente à la concurrence foisonnante, va perdurer, franchissant tout un siècle pour aborder le troisième millénaire.
Tout un siècle.
Il faut dire que la fameuse solution s’est développée au sein d’une structure remarquablement stable. En effet, le Laboratoire Hepatoum s’est érigé en industrie sur la base d’un seul médicament, la solution buvable Hepatoum. C’est Robert Zimermann qui, à la fin de la seconde guerre mondiale, en est le fondateur. Quelques années plus tard, le laboratoire se constitue en société anonyme et figure au registre du commerce en tant que société d’exploitation du Laboratoire Hepatoum.
Entre-temps, la structure confirme une orientation ébauchée dès l’exploitation de la solution buvable Hepatoum : la sphère digestive est son domaine de prédilection. L’acquisition de plusieurs spécialités, initialement développées par le laboratoire Trialgol Dalloz, l’atteste. Ainsi, Tridigestine (comprimés, granulés), Antalgol (cachets, suppositoires, granulés) et le glycérophosphate de chaux, intègrent le portefeuille de marques d’Hepatoum. En mai 1973, la société rejoint un groupement d’entités réunies par le laboratoire Gandhour. Ce qui n’empêche pas Hepatoum de poursuivre son existence propre, et c’est sous sa raison sociale que la structure reprend, quelques années plus tard, les produits d’un autre laboratoire, celui du Docteur Dumesny. Une acquisition qui va lui permettre d’investir de nouveaux champs d’étude, l’insuffisance veineuse et l’insomnie. La fusion avec le laboratoire Fuca, fin 2006, verra cette volonté de diversification se confirmer.
D’autres sphères thérapeutiques viennent, dès lors, varier les compétences d’Hepatoum : la constipation avec les dragées Fuca, la toux avec les sirops Eucalyptine Lebrun, Broncalène et Broncathiol, le mal des transports avec la spécialité Mercalm, et l’urologie avec l’anesthésique Instillagel (en milieu hospitalier). Des poids lourds du rayon OTC qui n’ont pas empêché la marque Hepatoum de s’ériger en gamme grâce au lancement de deux références. Hepatoum Brûlures d’estomac voit le jour en 1993 et se présente sous la forme de tablettes à croquer formulées à base de bicarbonate. Hepatoum Ballonnements digestifs, né en 1992, a, pour sa part, vu sa commercialisation s’arrêter en 2002.
Mais la marque va aussi emprunter d’autres voies thérapeutiques explorant le domaine des compléments alimentaires. Sous le nom de Hep’After, elle va donner lieu à trois produits : Hep’After Haleine investit la sphère de l’halitose qu’il se propose de combattre aux moyens de comprimés à croquer formulés à base d’huiles essentielles de menthe et de persil, de menthol et de chlorophylle, le tout secondé par des édulcorants de synthèse. Toujours dans le domaine bucco-dentaire, le très original Hep’After Blancheur est un produit à vocation de dentifrice. Il se présente sous forme de comprimés à croquer intégrant du bicarbonate de sodium, du carbonate de calcium, de l’huile essentielle de menthe et du menthol. Hep’After Digest, enfin, est une solution buvable destinée à soutenir la digestion à la suite d’un repas copieux, qui existe aussi sous forme de sticks. Tout comme la solution buvable Hepatoum, elle intègre une large part d’eau du bassin de Vichy, additionnée d’extraits végétaux (racine de curcuma et huile essentielle de menthe poivrée).
En son nom propre ou sous une déclinaison, nul doute que la marque Hepatoum saura traverser tout un nouveau siècle.
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