Il est des anniversaires qui marquent. Sûrement en alla-t-il ainsi ce 11 juin 1979, jour de son 42e anniversaire, lorsque John R. Warren (né en 1937), un anatomo-pathologiste australien, examinant une préparation de muqueuse gastrique obtenue par biopsie chez un patient souffrant de gastrite chronique, nota la présence d’un film bleu en surface de l’épithélium. Grossissant l’image, il distingua d’innombrables petits bacilles adhérents au tissu.
Durant les dix-huit mois qui suivirent, Warren nota la quasi-constance de l’infection bactérienne chez les patients atteints de gastrites : s’il lui sembla évident que ces organismes puissent être à l’origine de l’inflammation, il lui fallut plus de temps pour admettre qu’ils colonisaient un milieu aussi acide. Seule sa femme, Win, croyait alors en sa découverte - peut-être parce qu’elle était psychiatre ? -.
Warren travailla isolément jusqu’en 1981, année où il reçut la visite de Barry J. Marshall (né en 1951), un microbiologiste en quête d’un projet de fin d’études de spécialisation, intrigué après que son patron lui eût glissé : « Si vous voulez faire un boulot intéressant, vous devriez aller voir ce fou de Warren, qui prétend faire de la gastrite une infection ! ». Enthousiasmé, il consacra alors son énergie à réaliser les premières cultures du germe mystérieux.
Les travaux du tandem furent plutôt mal accueillis par la communauté médicale. C’est finalement au bactériologiste anglais Martin Skirrow qu’ils durent une certaine reconnaissance, lorsque celui-ci reproduisit la culture du germe : il suggéra de l’appeler Campylobacter pylori. Finalement, en juin 1983, les deux médecins publièrent de façon séparée (!) leur découverte dans The Lancet.
Traitement antiulcéreux : un nouveau paradigme
Warren et Marshall avaient traité un patient souffrant de gastrite avec une cycline dès 1981, année où ils mirent aussi en place un essai comparant l’efficacité du bismuth à la cimétidine, alors vedette du traitement d’un ulcère gastroduodénal que l’on croyait dû au stress ou au régime alimentaire. Une fois de plus, le hasard intervint : l’un des patients inclus, victime d’une périodontite associée à l’usage de gomme à mâcher à base de bismuth, fut traité pour celle-ci par métronidazole et les endoscopies montrèrent que le germe était alors presque éradiqué de sa muqueuse digestive.
En janvier 1984, Marshall, désireux de prouver que sa découverte satisfaisait le troisième postulat de Koch sur la causalité entre un agent pathogène et une infection, ingéra une culture réalisée à partir de la muqueuse d’un patient gastritique… Il présenta en une semaine environ des signes évidents d’inflammation - qu’il traita sans problème -. Peu après, les deux médecins proposèrent une association métronidazole/amoxicilline (ou cycline/bismuth) qui rationalisa le traitement de l’ulcère gastroduodénal.
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