Des toxicomanes voleurs d’hortensias

Fumer n’est pas jouer !

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Publié le 03/03/2014

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SI VOS JOLIS hortensias ont mystérieusement disparu de votre jardin, ne soupçonnez pas trop vite la jalousie du voisin ou les frasques de votre toutou… Car il pourrait bien s’agir d’un délit d’une tout autre nature. Depuis quelque temps, en Allemagne, au Pays-Bas et même récemment dans le Nord de la France, Hydrangea macrophylla (famille des hydrangeacées) fait l’objet d’une convoitise nouvelle. Ce n’est ni le charme des généreuses inflorescences, ni leurs teintes pastel qui attirent ces délinquants de jardin, mais les propriétés hallucinogènes de l’hortensia séché. Le phénomène est réellement préoccupant et une enquête vient même d’être ouverte suite au signalement dans la région de Boulogne-sur-Mer d’une vingtaine de vols de fleurs dans des terrains privés. Ce que font les voleurs de leur butin ? Ils sèchent puis roulent les feuilles et pétales de la fleur pour les fumer. Selon les spécialistes, cette « fumette » entraînerait des effets hallucinogènes et euphorisants qui évoquent ceux obtenus avec le THC (tétrahydrocannabinol) du cannabis. Mais si ce substitut licite de la marijuana peut séduire, il faut aussi savoir que sa toxicité est bien réelle. « Fumer n’est pas jouer », dit ainsi en substance le professeur en pharmacologie des universités de Lausanne et de Genève, Kurt Hostettmann. Et d’expliquer que des cas de troubles gastro-intestinaux, des problèmes respiratoires, d’accélération du rythme cardiaque ou d’étourdissements ont été fréquemment rapportés. Bien plus grave encore, les fumeurs s’exposent également à des risques mortels d’étouffement. Car à haute dose, les substances contenues dans l’arbuste se transforment en acide cyanhydrique, toxique tristement connu sous le nom de Zyklon B… Dotés d’un tel profil toxicologique, les tendres hortensias pourraient bien être un jour requalifiés de nouvelles fleurs du mal.

DIDIER DOUKHAN