LE NOMBRE de candidats à l’arrêt du tabac se réduit comme peau de chagrin. Les ventes de traitements du sevrage tabagique sont, en effet, à la baisse (voir encadré). Pourtant, le nombre de fumeurs a nettement chuté ces dernières années. Le délistage des substituts nicotiniques il y a dix ans, la prise en charge partielle des traitements, l’augmentation du prix des cigarettes ou encore l’interdiction de fumer dans les lieux publics y ont certainement contribué. « Les actions politiques des dernières décennies ont eu un effet bénéfique incontestable », estiment d’ailleurs les spécialistes de l’Institut de veille sanitaire (InVS) dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 25 mai. Pour le démontrer, ils ont choisi de suivre depuis 1950 « la mortalité par cancer du poumon » qui est, selon eux, l’indicateur le plus spécifique des effets du tabac sur la santé. Résultat, ils ont pu observer « une baisse récente de la mortalité par cancer bronchique dans la population masculine, conséquence de l’importante réduction du tabagisme masculin en France ». Mais c’est l’arbre qui cache la forêt. Car, parallèlement, on constate un accroissement très important du risque de décès par cancer du poumon chez les femmes. « C’est pour la classe d’âge des 35 à 44 ans que les variations sont les plus spectaculaires, notent les chercheurs. La mortalité chez les hommes a été divisée par deux en 10 ans, tandis que celle des femmes a été multipliée par quatre en 15 ans. »
Un combat sans fin.
La lutte contre les méfaits du tabac est donc loin d’être finie. Les spécialistes estiment, en effet, que l’on peut s’attendre à une reprise de la consommation masculine de tabac, les ventes de cigarettes étant constantes depuis 2004. Mais surtout, ils prévoient que l’épidémie va continuer chez les femmes au fur et à mesure que vieilliront les générations qui comptent une proportion importante de fumeuses régulières.
À l’occasion de la Journée mondiale sans tabac du 31 mai, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a d’ailleurs choisi de sensibiliser l’opinion publique sur le tabagisme des femmes. En France, le Comité national contre le tabagisme (CNCT), qui lance aujourd’hui sa propre campagne « Ville en Cendres » (voir l’affiche ci-contre téléchargeable sur le site du Cespharm*), demande aux pouvoirs publics de se saisir de ce sujet à bras-le-corps. « Des mesures existent et doivent être mises en œuvre pour contrecarrer les stratégies commerciales de l’industrie du tabac qui a su faire des femmes et des jeunes filles des cibles de choix et de plus en plus, des victimes », s’alarme le CNCT.
3 questions à…
Françoise Amouroux
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