Pour tenter de sauver des patients atteints de maladies incurables, des élus américains des deux partis plaident pour renforcer « le droit à essayer » des traitements expérimentaux. Malheureusement pour eux, un projet de loi allant en ce sens vient d'être rejeté par la Chambre des représentants.
Depuis quatre ans, des élus appartenant aussi bien au Parti républicain qu'au Parti démocrate de 38 des 50 États américains tentent d'apporter une réponse aux patients sans issue thérapeutique en adoptant des lois sur le « droit à essayer » des médicaments expérimentaux, hors essais cliniques.
La cause est si populaire que le président Donald Trump et son vice-président Mike Pence ont mis tout leur poids derrière une proposition de loi soumise à un vote de la Chambre des représentants le 13 mars à Washington dans le but d'établir un « droit à essayer » national (le Sénat a adopté une version différente). Mais les élus démocrates s'y sont majoritairement opposés, empêchant de peu le texte d'être adopté.
Pourquoi une telle opposition ? Selon des médecins et associations de patients atteints de maladies rares, il s'agit là d'une loi démagogique créatrice de « faux espoirs » pour les patients, et qui ne changera rien en réalité. En effet, aujourd'hui, les médecins peuvent déjà demander aux laboratoires pharmaceutiques de donner un médicament expérimental à leur patient de façon dérogatoire, à condition que le traitement ait passé la première étape des tests cliniques (toxicité) et que l'agence du médicament américaine, la FDA, approuve la demande. Chaque année, un millier de patients bénéficient de traitements par ce biais. Dans les faits, le projet de loi rejeté ne créait pas de « droit », les laboratoires restant les seuls à décider de partager ou non leurs molécules. Pire, estiment ses opposants, la FDA n'aurait plus eu de droit de regard et aurait été simplement informée, notamment en cas d'effet négatif grave.
Une fois n'est pas coutume, la France n'a rien à envier à l'Amérique. Selon le dernier rapport de l'Agence française de sécurité du médicament (ANSM), près de 20 000 patients ont profité d'une autorisation individuelle en 2016 en France. C'est vingt fois plus qu'aux États-Unis.
Avec l'AFP.
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