COMMENT DÉBUSQUER les réservoirs quiescents de VIH? L’une des pistes est d’agir sur l’immunité en activant les cellules contenant le VIH. C’est la stratégie adoptée dans le programme ERAMUNE, qui lance deux essais simultanément, le premier en France, le second aux États-Unis. Le Pr Christine Katlama, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris, l’un des investigateurs principaux, en a expliqué le concept au « Quotidien ». L’objectif est bien de faire diminuer les réservoirs de VIH en combinant une intensification du traitement antirétroviral à une immuno-intervention visant à faire sortir le VIH. Pour ce dernier point, les chercheurs ont utilisé de l’IL7 dans ERAMUNE-01 et, dans ERAMUNE-02, d’un vaccin adénoviral recombinant 5, testé précédemment par les National Institutes of Health.
L’intensification consiste à ajouter au traitement en place les deux classes de molécules de dernière génération : un inhibiteur de l’intégrase et un inhibiteur d’entrée (raltégravir et maraviroc). Différentes enzymes et récepteurs du VIH sont ciblés dans l’espoir d’empêcher le virus de se répliquer. Dans le même temps, est adjointe la fameuse stratégie d’immuno-intervention visant à faire sortir le VIH. Le but est d’activer les cellules contenant le virus. Dans l’essai ERAMUNE-01, il s’agit de l’IL7
humaine recombinante, qui a déjà fait l’objet d’essais cliniques aux résultats prometteurs. L’IL7 induit « la réplication du VIH dans les cellules latentes infectées du réservoir », permettant alors « d’exposer les cellules infectées à leur élimination du système immunitaire et donc, à la réduction du réservoir viral, pouvant mener à terme à l’éradication ». Quatre centres participent en Europe, dont le service du Pr Katlama à la Pitié-Salpêtrière en charge de centraliser l’ensemble des données. En parallèle, l’essai ERAMUNE-02 coordonné par le Pr Robert Murphy (Chicago) démarre aux États-Unis. Le concept est identique, même renforcement du traitement antirétroviral et une intervention sur l’immunité. À la place de l’IL7, il s’agit là du vaccin adénoviral recombinant 5.
Des niveaux extrêmes d’indétectabilité.
« La nouveauté de l’approche est triple », indique le Pr Katlama. Premièrement, l’utilisation d’une thérapie rétrovirale très efficace permet de réduire le niveau de réplication jusqu’à des niveaux d’extrême indétectabilité. Deuxièmement, l’addition d’une thérapie immuno-modulatrice cible spécifiquement les réservoirs viraux. Troisièmement, la sélection des patients est rigoureuse. Le niveau de remplissage du réservoir est faible, mesuré par la quantité d’ADN du VIH dans les cellules blanches du sang périphérique. Fait nouveau, le réservoir va être mesuré dans le sang et les compartiments profonds. Ce sont ces résultats qui jugeront de l’utilité de poursuivre l’étude du concept. Pour être inclus, les patients doivent répondre aux critères suivants : trithérapie antirétrovirale d’au moins 3 ans, charge virale plasmatique (ARN-VIH) inférieure à 500 copies/ml dans les 3 ans précédents et taux de CD4 ≥ 350 cellules/mm3. « Si personne n’atteint l’objectif d’une réduction des réservoirs d’au moins 0,5 log (soit 33 %), cela signifie que la stratégie n’est pas valable », poursuit le Pr Katlama.
Pour « éviter l’erreur de la brièveté », les deux essais ERAMUNE-01 et 02 vont durer un peu plus d’un an. « Nous avons commencé à travailler sur ce programme il y a trois ans. D’autres projets vont voir le jour et être testés par la suite », précise le Pr Katlama. L’essai est lancé avec le soutien d’ORVACS (Objectif recherche vaccin sida). Fondée en 2011 par les Prs Christine Katlama, Brigitte Audran, Gilles Brücker et Patrice Debré, cette association à but non lucratif est dédiée au développement de nouvelles stratégies vaccinales et thérapeutiques anti-VIH.
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