Alors que l’endométriose est une affection fréquente, touchant une femme en âge de procréer sur 10, qu’elle est une cause majeure d’infertilité féminine et qu’elle affecte grandement la qualité de vie des patientes (70 % des femmes déclarent ressentir des douleurs invalidantes), le voile n’a pas encore été levé sur ses causes et sur sa physiopathologie, et les traitements disponibles actuellement, qui reposent essentiellement sur la privation d’œstrogènes, restent insatisfaisants et contraignants.
Une chose semble établie sur son origine cependant – il s’agit une maladie hormonodépendante, notamment aux œstrogènes. Lors des menstruations, des cellules de l’endomètre se mettent à proliférer de manière anarchique ; elles migrent via les trompes (menstruation rétrograde) vers les tissus alentours, formant des amas cellulaires, des nodules, des kystes ovariens ou des adhérences dans les organes colonisés. « Pourquoi ? » reste la grande question. En 2012, l’équipe du Dr Bert O’Malley, au Baylor College of Medicine, au Texas, a montré dans la revue « Nature Medicine »*, qu’un facteur de transcription, le SRC-1 (Steroid receptor coactivator-1), contribue au processus inflammatoire déclenché par la migration extra-utérine des cellules en inhibant leur apoptose. En effet, en « condiations normales », la présence de cellules endométriales dans le milieu extra-utérin déclenche un processus inflammatoire qui, lui-même, induit un phénomène apoptotique dans les cellules colonisatrices. Mais le SRC-1 semble empêcher ce processus de mort cellulaire.
Dans sa nouvelle étude, publiée le jeudi 5 novembre dans la revue « Cell », l’équipe montre désormais l’implication d’un récepteur en lien avec SRC-1 : le récepteur à estrogène-ß. Ses travaux sur des tissus humains montrent une surexpression des récepteurs à estrogène-ß dans le tissu endométrial extra-utérin de femmes atteintes d’endométrioses, par rapport au tissu endométrial utérin de femmes contrôles. Les chercheurs ont ensuite confirmé le phénomène chez la souris. « Ces observations sont en ligne avec nos précédents résultats. Les deux protéines agissent en synergie – elles bloquent l’apoptose et donc empêchent les cellules de mourir et, par là, stimulent leur prolifération », explique le Dr O’Malley, qui précise : « Comme ces cellules ne meurent pas, le processus inflammatoire ne s’arrête pas, ce qui explique les douleurs chroniques chez ces patientes ».
Pour le praticien, ces découvertes suggèrent qu’il est possible que le phénomène de menstruation rétrograde existe chez toutes les femmes, mais qu’il reste sans conséquences lorsque le système immunitaire est capable de mettre à mort les cellules migratrices – ce qui n’est pas le cas chez les patientes surexprimant les récepteurs à estrogène-ß. Autre découverte importante, les chercheurs ont montré qu’en injectant un inhibiteur de ces récepteurs à des souris, ils étaient capables d’inhiber l’expansion des cellules colonisatrices. « Nous cherchons actuellement à mettre en place une association d’inhibiteurs qui cibleraient à la fois les récepteurs à estrogène-ß et le facteur SRC-1, décrit-il. Si on trouvait une combinaison qui marchait chez l’homme, cela pourrait devenir une alternative à la suppression hormonale, et un sacré soulagement pour toutes ces jeunes femmes ».
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