C’est un petit rituel que beaucoup, malgré les risques, peinent à abandonner. Pour tromper l’hiver qui pâlit les teints ou accueillir l’été et l’arrivée du soleil, ils et elles se logent dans des cabines de bronzage exiguës et exposent, plus ou moins intensivement, leur peau aux rayons UV. Un rituel dangereux que les autorités belges ont décidé de mieux contrôler : désormais, une visite préalable chez le médecin est nécessaire pour s’y adonner.
Un million de Belges adeptes des UV
L’arrêté royal daté du 24 septembre 2017, entré en vigueur le 1er janvier 2019, conditionne ainsi l’accès aux cabines de bronzage (« bancs solaires », en Belgique) à la délivrance, par le généraliste ou un dermatologue, d’une attestation médicale. Celle-ci doit indiquer le type de peau du client. Un seuil limite d’exposition est fixé : les peaux de type 1 (peaux claires qui brûlent et ne bronzent jamais) sont désormais réfoulées des centres de bronzage. Seule dérogation possible : lorsque les centres disposent eux-mêmes d’un appareil de détermination de la sensibilité de la peau. L’enjeu n’est pas mince dans un pays particulièrement friand de bronzage artificiel. Une étude de 2015 estimait ainsi que 14% de la population belge le pratiquait. Une population plutôt jeune (61% de moins de 44 ans) et féminine (62%).
Les UV, dangereux comme le tabac et l’amiante
Or, rappelle la Fondation contre le cancer, « les utilisateurs de banc solaire ont 20% de risque en plus de développer un mélanome, le cancer de la peau le plus agressif. Chez les moins de 35 ans, le chiffre est de 59 % ». D’ailleurs, note l’institution belge, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a placé les UV artificiels « dans la même catégorie que le tabac et l’amiante ».De fait, d’aucuns n’hésitent pas à évoquer une « épidémie » de cancers de la peau en Belgique : 37 000 nouveaux cas sont détectés chaque année, un nombre inquiétant au regard de l’ensemble des autres cancers diagnostiqués annuellement (67 000). Les dermatologues constatent par ailleurs une progression annuelle de 5 à 12% des tumeurs malignes.Pour les professionnels, justement, la nouvelle réglementation demeure bien trop frileuse. « Elle n’a aucun fondement scientifique. Eu égard aux risques épidémiologiques et carcinologiques avérés, tout ça n’est pas très raisonnable », regrette le Dr Véronique del Marmol, chef du département dermatologie de l’hôpital Erasme de Bruxelles, et vice-présidente de la Société Royale Belge de Dermatologie.
Pression des lobbies
« Les autorités, mises sous pression par les industriels du secteur et un intense lobbying, se contentent de poser de timides balises : l’interdiction aux mineurs, puis aux phototypes 1, la visite chez le médecin aujourd’hui… ». De fait, preuve de l’ambiguïté de la position des pouvoirs publics sur ce sujet, la nouvelle législation n’est pas l’œuvre du ministère de la Santé mais de celui… de l’Économie.Le Conseil supérieur de la santé, organe d’avis scientifique du ministère de la Santé, plaidait lui-même, dès 2017, pour l’interdiction pure et simple des UV artificiels, arguant « qu’il n’y a pas de limite sûre pour l’exposition aux UV en ce qui concerne le développement de cancers de la peau ». « Laisser les cinq autres types de peau s’exposer aux 0,3 W légaux (indice UV 12), soit un rayonnement bien plus puissant qu’un soleil de midi dans le sud de la France, c’est risquer un coût sanitaire et financier monstrueux dans 15 ans », prévient le Dr del Marmol.Reste que la visite médicale préexposition constitue, à ses yeux, une occasion nouvelle de prévention. « C’est une bonne idée, reconnait-elle. Cette mesure peut augmenter la conscientisation vis-à-vis des risques ».
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