Diagnostic : clinique et histologique

Publié le 19/10/2016

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Le diagnostic d’un cancer cutané est confirmé par l’histologie même si la clinique des lésions est évocatrice. Certaines lésions évoluées et, bien entendu, tout mélanome confirmé par l’histologie, imposent un bilan d’extension (recherche des ganglions, PET-scan, radiographie pulmonaire, scanner cérébral, scintigraphie hépatique, etc.) qui n’est pas évoqué en détail ici.

Examen clinique

Carcinome basocellulaire. Formée à partir des cellules basales de l’épiderme, cette tumeur présente des aspects variés : nodule ferme et incolore ou nodule ulcéré, plaques indurées évoquant des cicatrices ou placards érythémateux évoquant un psoriasis ou un eczéma. À la phase d’état, la lésion se caractérise par une bordure perlée, riche en télangiectasies, entourant une dépression souvent ulcérée : les saignements n’y sont pas rares. La tumeur s’étend en voyant alterner des phases d’exacerbation et de cicatrisation. Ce cancer demeure généralement localisé à des zones découvertes (visage) : il ne donne pas de métastases mais, étant localement extensif, il s’avère, avec les années, particulièrement mutilant et stigmatisant.

Carcinome spinocellulaire. Plus agressif que le précédent, ce carcinome se développe sur une peau saine mais, surtout, complique une kératose actinique, une plaque leucoplasique ou une cicatrice de brûlure. La tumeur siège souvent sur des zones découvertes, généralement sur une muqueuse (labiale, génitale) ou une semi-muqueuse. Le diagnostic différentiel avec diverses lésions bénignes ou malignes, délicat, impose un examen histologique. La tumeur, invasive, produit des métastases ganglionnaires ou viscérales (poumons, os).

Mélanomes. Cette tumeur mélanocytaire s’observe essentiellement chez le sujet leucoderme, dans les régions pigmentées de la peau ou des muqueuses (dans près de la moitié des cas, elle s’observe au sein d’un nævus pigmentaire). Elle progresse d’abord en surface, en « tache d’huile », avant de se développer en profondeur, en une phase invasive à très haut risque métastatique. Il existe quatre formes principales de mélanome malin :

-> Mélanome lentigo ou lentigo malin. Apparaissant chez le sujet de plus de 50 ans, plus fréquemment chez la femme, il siège notamment au niveau du visage ou sur des zones exposées au soleil où il forme une tache finissant par atteindre plusieurs centimètres de diamètre, ayant une coloration foncée et parsemée de points hyperpigmentés (= mélanose de Dubreuilh). L’apparition de nodules cancéreux dans le derme, au bout d’une dizaine d’années, signe la transformation maligne de la lésion.

-> Mélanome malin extensif (mélanome à extension superficielle). Cette forme, la plus fréquente (60-70 % des mélanomes) et la plus typique, reste asymptomatique et superficielle pendant plusieurs mois à plusieurs années. Volontiers localisée sur les jambes chez la femme et sur le torse chez l’homme, elle affecte l’adulte entre 20 et 30 ans. Les stades précoces du mélanome extensif doivent être connus : il s’agit d’une petite tache pigmentée d’apparition récente évoluant rapidement et dont les caractéristiques sont rappelées par l’acronyme ABCDE (A = Asymétrie, B = irrégularité des Bords, C = Couleur inhomogène, D = Diamètre augmenté, E = Érythème périphérique). Il peut parfois s’agir d’un simple grain de beauté qui se modifie subitement, après un traumatisme par exemple.

-> Mélanome nodulaire. D’emblée infiltrante et affectant une tranche d’âge plus élevée que le mélanome, cette tumeur superficielle se traduit par une papule sombre ou par une plaque bleutée ou grise voire noire - mais aussi parfois totalement achromique -, d’extension rapide mais sans signes cliniques particuliers. Ce mélanome siège en n’importe quelle zone de la peau.

-> Mélanome acral. Un mélanome apparaît parfois comme une tache brune évoquant un lentigo sur les paumes des mains, la plante des pieds ou encore sous ou autour d’un ongle (= panaris de Hutchinson), souvent sur une peau fortement pigmentée. C’est une forme rare, observée chez le sujet de plus de 50 ans.

Examen histologique

Le dermatologue réalise une biopsie partielle en cas de suspicion de carcinome et une biopsie-exérèse totale en cas de suspicion de mélanome. L’histologie s’intéresse au type de cellules cancéreuses, à la population de cellules en mitose, à l’épaisseur tumorale et au stade d’extension des lésions. Le pronostic du mélanome varie fortement selon son stade lors du diagnostic, d’où l’intérêt de pratiquer un dépistage systématique.