Afin de mettre en exergue l’existence de détournements d’usage du clenbutérol vétérinaire dans certains milieux culturistes ou adeptes de l’amaigrissement, des journalistes de France 2 n’ont rien trouvé de mieux que de piéger certains confrères pour illustrer leur propos.
Caméra cachée à l’appui, il serait donc désormais démontré (sic !) que les pharmaciens délivrent du Ventipulmin (spécialité vétérinaire à base de clenbutérol) sur présentation d’une ordonnance émanant d’un vétérinaire ! Bravo, la révélation est effectivement d’ampleur, l’argent du service public sert une grande cause !
L’affairisme, l’incompétence, l’irresponsabilité qui les animent seraient d’ailleurs tels qu’ils ne prennent même pas la peine de distinguer les vraies ordonnances des fausses, paroles de pièces à conviction !
Après avoir élaboré et diffusé ostensiblement un tutoriel ad hoc à destination des faussaires en mal d’inspiration qui permet d’apprendre à rédiger facilement une fausse ordonnance vétérinaire, les journalistes constatent et s’étonnent que les pharmaciens délivrent les médicaments prescrits !
Mesdames et messieurs les journalistes, sachez que dès lors qu’une ordonnance présentée à un pharmacien comporte les coordonnées du prescripteur (nom, prénom, adresse, numéro d’inscription à l’Ordre) et que les mentions obligatoires de prescription sont bien présentes (délai d’attente inclus si le cheval n’est pas exclu de la filière bouchère) le pharmacien n’a d’autre alternative que de faire son travail consistant à s’assurer de la cohérence de l’ordonnance (vérification des éventuelles contre-indications, incompatibilités médicamenteuses, etc.) et dispenser les médicaments prescrits en accompagnant la délivrance de tous les conseils nécessaires de bon usage des médicaments.
Il n’est pas dans ses capacités ni dans ses prérogatives de maîtriser les conditions dans lesquelles les prescripteurs (médecins, dentistes, vétérinaires, etc.) rédigent leurs ordonnances.
Il n’est pas non plus dans ses capacités d’identifier les fausses ordonnances, notamment lorsque celles-ci sont élaborées à l’aide de technologies confondantes d’efficacité.
Admettez qu’il n’est pas intellectuellement honnête de jeter l’anathème sur les confrères qui, selon vos insinuations, faillissent à leur devoir en n’identifiant pas les ordonnances non sincères qui leur sont remises.
Vous a-t-il échappé que même en cas d’identification formelle du prescripteur (démarche au demeurant longue et chronophage) le pharmacien ne pourra jamais garantir la sincérité d’une ordonnance ?
Un vétérinaire parfaitement habilité et identifié n’empêchera jamais les prescriptions de complaisance ou, pire encore, n’apportera jamais la garantie qu’il n’est pas lui-même impliqué ou à l’origine d’un trafic de détournement.
Les pharmaciens s’investissent sans compter pour sécuriser l’usage des médicaments (fussent-ils vétérinaires) et luttent quotidiennement contre les contrefaçons de toutes sortes, ils n’ont donc pas de leçon à recevoir de ceux qui, sous couvert d’investigation, discréditent gratuitement toute une profession et ne révèlent rien d’autre qu’un minable mode opératoire à l’attention d’apprentis contrefacteurs accros au clenbutérol.
Une honte !
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