Pour les personnes touchées par la maladie de Parkinson, les traitements physiques rééducatifs sont encore largement sous-exploités, les traitements médicamenteux et chirurgicaux permettant aux patients parkinsoniens de maintenir longtemps un état moteur satisfaisant. Pourtant, leurs bénéfices sont bien réels : meilleure régulation dopaminergique endogène et médicamenteuse, optimisation motrice et reconditionnement, neuroprotection…
« Les symptômes moteurs (hypométrie, troubles de la marche) sont responsables d’une restriction sensorimotrice et d’un déconditionnement à l’effort qui entretiennent et amplifient une limitation de l’activité physique déjà importante chez nos patients parkinsoniens. Cette sous-activité physique contribue à accélérer la progression de la maladie. Il faut sortir nos patients de ce cercle vicieux », insiste le Dr Nicolas Bayle, spécialiste de médecine physique et de réadaptation au CHU Henri-Mondor de Créteil.
Activité physique ciblée et intensive
Les méthodes de rééducation à proposer aux patients parkinsoniens ont évolué. La kinésithérapie conventionnelle, douce, trop généraliste (mobilisations actives et passives, équilibre, marche, posture, relaxation…), souvent insuffisante en quantité de travail, a cédé la place à des techniques plus intensives.
« La réalisation quotidienne de séries d’exercices intensifs permet au patient d’optimiser sa fonction motrice et de récupérer ou maintenir une activité physique correcte. Une séance classique de 20 minutes une ou deux fois par semaine ne suffit pas, précise le Dr Bayle. Aujourd’hui, on demande au patient de 30 à 45 minutes d’exercices physiques ciblés par jour et la tenue d’un registre quantifiant son travail. C’est de l’autorééducation guidée : les kinésithérapeutes guident, corrigent et adaptent ce travail. »
Le renforcement moteur à haute intensité, contre résistance, des muscles extenseurs des membres inférieurs (quadriceps, ischio-jambiers, fessiers…) améliore la marche (vitesse, taille du pas) et l’équilibre des patients. Pour les membres supérieurs, renforcer les extenseurs du poignet, du coude ou des doigts est un traitement de choix du tremblement. Des exercices plus globaux (séries de relevés de chaise, de sol, dissociation axiale…) permettent d’améliorer la fonction des patients. « L’objectif est d’obtenir à chaque type d’exercice, en 20-25 mouvements, une fatigue franche obligeant l’arrêt du mouvement », indique le spécialiste.
Aussi, un travail en aérobie (une demi-heure de vélo à haute intensité, par exemple) améliore la marche, les gestes manuels, la condition cardio-respiratoire. Son effet immédiat métabolique est important : une heure de pédalage intense améliore l’absorption et l’utilisation de la lévodopa prise dans les médicaments. « Ce travail, s’il est suffisamment intense à chaque séance et prolongé sur de longues périodes, pourrait avoir un effet neuroprotecteur, voire restaurateur », souligne le Dr Bayle.
D’autres techniques, plus ludiques et réalisées en groupe, favorisent la socialisation et l’adhérence en plus d’agir sur les symptômes moteurs gênants : le tai-chi ou le tango améliorent posture et équilibre ; le théâtre ou le chant, la gestion du souffle et l’articulation.
« La prise en charge en médecine physique et de réadaptation est d’autant plus efficace qu’elle est débutée tôt. Et, aujourd’hui, les mentalités évoluant, beaucoup de nos patients arrivent à la consultation au moment de l’annonce diagnostique, avant même instauration des traitements médicamenteux », se réjouit le Dr Bayle.
D’après un entretien avec le Dr Nicolas Bayle, spécialiste de médecine physique et de réadaptation au CHU Henri-Mondor de Créteil.
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