Le passage transplacentaire des médicaments de la mère au fœtus est tributaire non seulement de facteurs maternels et fœtaux, mais aussi de l'expression de transporteurs placentaires. Les dernières recommandations de l'American Diabetes Association publiées en janvier 2017 précisent et confirment qu'à ce jour l'insuline, qui ne passe pas la barrière placentaire, reste le traitement de référence pour corriger l'hyperglycémie au cours de la grossesse, que ce soit dans le diabète préexistant ou le diabète gestationnel. En clinique, se pose la question de l'utilisation chez la femme enceinte des différents antidiabétiques oraux (ADO), notamment les biguanides comme la metformine et les sulfamides comme le glibenclamide. Des études issues d'expérimentations ex vivo et de données in vivo ont tenté d'apporter des réponses sur le passage transplacentaire des ADO et sur leur efficacité. En ce qui concerne la metformine, il a été démontré un risque plus faible d'hypoglycémie néonatale et une prise de poids moins importante pendant la grossesse, mais son utilisation est associée à un risque plus important de prématurité. Des études plus récentes ont montré que la fréquence d'hypoglycémie néonatale et de macrosomie était plus élevée avec le glibenclamide comparativement à la metformine ou l'insulinothérapie. « Les résultats ne permettent pas de conclure sur leurs effets et leur sécurité d'emploi, constate le Pr Pierre Fontaine président de la SFD. De plus ces deux ADO sont capables de traverser le placenta. Il n'existe pas à ce jour d'étude évaluant l'impact à long terme de ces thérapeutiques chez l'enfant. »
Une bactérie très prometteuse
L'étude du microbiote intestinal est une thématique plus récente développée à l'occasion du Congrès de Lille. Les premières démonstrations de son rôle dans le diabète de type 2 et l'obésité sont des portes ouvertes sur de possibles nouveautés thérapeutiques dans ces domaines. « On sait déjà que le microbiote diffère entre sujets sans et avec un diabète de type 2. Cette différence est basée sur la présence ou non d'une bactérie, akkermensia muciniphila », révèle le Pr Samy Hadjadj, CHU de Poitiers. Les données issues d'une équipe francophone (Plovier et al.) suggèrent que cette bactérie peut réduire l'effet délétère sur le surpoids et le diabète d'un régime riche en graisses. Elle a pu être cultivée en milieu stérile et, mieux encore, sa pasteurisation booste son efficacité. « Les chercheurs ont pu montrer que la bactérie Akkermensia pasteurisée reste active et efficace pour enrayer le développement de l’obésité et du diabète chez les souris confirme le professeur. D’autre part, ils ont pu identifier (toujours chez les souris) la protéine de surface qui lui confère son effet bénéfique. » Appelée Amuc 1100, cette protéine peut désormais être produite en laboratoire en vue de son administration chez l’homme.
Ainsi, la bactérie et la protéine présente dans sa membrane cellulaire deviennent une nouvelle cible du traitement du diabète. « L'arsenal thérapeutique ne cesse de s'enrichir de nouvelles classes d'antidiabétiques et pose la question du choix optimal poursuit le Pr Bruno Vergès, CHU de Dijon. À l'avenir, les progrès de la génétique permettront peut-être d'avancer vers une médecine personnalisée plus efficace. Au moyen du phénotypage de chaque patient, on espère obtenir une analyse plus fine des anomalies physiopathologiques sous-jacentes ou prédominantes (insulinorésistance ou insulinopénie). » Les avancées des connaissances pourraient permettre de préciser au mieux la ou les cibles thérapeutiques et même d'envisager la mise en place de traitements préventifs.
D'après une conférence de la Société Francophone du Diabète
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