L’ERREUR EST HUMAINE. Mais un cerveau sain est censé l’apprécier à sa juste (ou plutôt fausse) valeur. C’est ce que montre une équipe ces chercheurs de l’Université d’Aix-Marseille qui sont allés chercher loin pour résoudre l’énigme de l’erreur humaine. Très loin jusque dans les profondeurs du cerveau, en enregistrant directement l’activité cérébrale du cortex cérébral, aussi précisément que le permettent les explorations neurochirurgicales.
Cherchez l’erreur.
Les scientifiques ont mis en évidence une zone, l’Aire Motrice Supplémentaire (AMS) qui serait responsable du contrôle et de l’évaluation de nos actions. Plus nous nous rapprochons d’une erreur, et plus cette zone s’active. À l’inverse, plus nos comportements sont justes, moins l’amplitude des signaux est importante. L’implication de cette trouvaille n’est pas anodine puisqu’elle vient contredire des postulats antérieurs. Nombreuses sont les études qui avaient localisé cette zone au niveau du cortex cingulaire antérieur (CCA). Une erreur d’analyse qui serait due à une méthodologie imprécise, explique au « Quotidien » Boris Burle, l’un des auteurs de l’étude, chargé de recherche au CNRS : « Ces travaux antérieurs étaient basés sur l’électroencéphalographie, une technique superficielle qui aboutit à des résultats plus flous. Notre recherche est plus précise puisqu’elle s’appuie sur une exploration profonde. » Le nouvel éclairage qu’il propose amène à rectifier tout un tas de théories impliquées dans la compréhension de certaines pathologies comme le Trouble Obsessionnel Compulsif ou encore la schizophrénie. Dans ces pathologies a été observée, quoique de manière dissemblable une moindre différence d’amplitude entre signaux d’erreur et d’exactitude. Le hic, c’est qu’on avait attribué la responsabilité de ces signaux au CCA. Ce que vient contredire l’étude de Bonini et coll : « Certaines données doivent être revues. Et l’explication neuroscientifique de ces troubles doit être clarifiée » avance le chercheur.
Perfectionnisme.
Ces signaux inadaptés prendraient leur source, soit dans l’AMS, soit dans une petite région adjacente, plus frontale que la première, qui ne coderait la performance qu’en cas d’erreur. « On ne sait pas si le déficit provient de l’une ou l’autre de ces étapes. Cela devra faire l’objet de recherches ultérieures », ajoute Boris Burle. La découverte éclaircit tout en autant qu’elle interroge. Si cette fameuse zone qu’est l’AMS s’active excessivement dans le TOC, peut-on parler de zone du perfectionnisme ? Grosse erreur ! « Je pense que ce serait vraiment surinterpréter. Le fait que ces activités soient fortement exagérées chez les patients TOC, suggère une évaluation excessive de leur action, avec des réponses correctes qui leur semblent erronées. Même dans ce cas, je ne suis pas sûr que le terme de "perfectionnisme" s’applique », réplique le chercheur du CNRS. Peut-être est-il plus prudent pour les chercheurs de ne pas s’avancer. Ils n’ont pas droit à l’erreur.
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