Soixante pour cent des cancers du sein, 44 % des cancers du côlon et 47 % des cancers du rectum sont diagnostiqués à un stade précoce en France, révèle une étude réalisée à partir des registres du cancer du réseau Francim sur la période 2009-2012.
Résultat de la mise en place du dépistage organisé (DO) pour ces trois cancers ? Si l'étude ne peut l'affirmer, il y a de bonnes raisons de le penser. La plus grande proportion des cancers diagnostiqués à un stade précoce l'est chez les 40-74 ans, la classe d'âge qui inclut la cible des programmes de DO. C'est l'un des constats issus de ce gros travail sur le stade au diagnostic des cancers mené dans le cadre d'un partenariat Francim-Hospices civils de Lyon (HCL)-Santé publique France-Institut national du cancer (INCa).
Un traitement néoadjuvant
Ce rapport national, le premier du genre en France sur le degré de sévérité des cancers au diagnostic, veut fournir des indicateurs pour adapter les politiques de prévention et de lutte contre le cancer, conformément aux objectifs fixés par le Plan Cancer 2014-2019.
Ce travail institutionnel se distingue au-delà de nos frontières car « les publications internationales rapportant la distribution des stades dans différents pays sont rares », est-il souligné dans le rapport. De plus, la qualité des données a longtemps souffert de l'absence de standardisation dans le recueil du stade. Un écueil que les Français ont voulu éviter en adoptant une procédure standardisée sur un échantillon aléatoire représentatif des cas.
Les quatre partenaires justifient le choix d'un échantillon plutôt que d'être systématiquement exhaustif afin de récupérer le plus d'informations possible. La classification en stades TNM est « relativement difficile à mettre en œuvre en épidémiologie car elle est la résultante d'un ensemble d'informations permettant de classifier les différentes dimensions de l'extension tumorale », est-il expliqué. Dans les échantillons constitués, la proportion de données manquantes pour le stade s'est ainsi avérée inférieure à 5 %.
Les quatre partenaires ont aussi fait le choix d'une description très précise qui prend en compte l'administration d'un traitement néoadjuvant pour les cancers du sein et du rectum. « En effet, ce traitement a généralement pour résultat de diminuer la taille de la tumeur », poursuivent les auteurs en soulignant que la valeur pronostique d'un TNM post-traitement néoadjuvant (ypTNM) n'est pas la même qu'un TNM anatomopathologique ou postchirurgical (pTNM), « ces deux entités ne devraient donc pas être confondues ».
Modalités du dépistage non renseignées
Pour le cancer du sein (échantillon de 6 184 femmes), les cancers à un stade d'extension locale limitée étaient plus fréquents chez les 50-74 ans (65 %), ceux à un stade d'extension régionale chez les femmes jeunes (< 50 ans), tandis que ceux à un stade avancé l'étaient chez les femmes plus âgées (> 75 ans).
Si les femmes de 50 à 74 ans, cibles du DO, sont les plus nombreuses à présenter un cancer localisé, le rapport note bien que « les modalités du dépistage des cancers étudiés ne sont pas connues : il peut s'agir de femmes ayant répondu aux campagnes de DO, de femmes ayant une démarche de détection individuelle (dépistage individuel) ou encore ayant été diagnostiquées suite à un signe clinique ». Quant au traitement néoadjuvant, réalisé dans 10 % des cas, il est plus fréquent chez les femmes jeunes (29 % chez les < 40 ans et 16 % chez les 40-49 ans).
Pour le cancer du côlon et du rectum, les résultats ont été présentés séparément car « ces deux localisations, malgré leur proximité anatomique sont différentes tant du point de vue épidémiologique que du point de vue thérapeutique », précise le rapport, mais aussi de façon regroupée comme le font encore de nombreuses publications afin de « faciliter les comparaisons », est-il expliqué.
Égalité hommes-femmes face au cancer colorectal
Pour le cancer du côlon (échantillon de 7 112 cas), il ressort que ce cancer est rare avant l'âge de 50 ans : 46 % des patients avaient entre 50 et 74 ans et la moitié plus de 74 ans. Si 44 % des cancers étaient à un stade d'extension locale et plus fréquents chez les 40-74 ans, les cancers de stades avancés étaient plus fréquents chez les < 40 ans (38 %) et les plus de 74 ans (37 %). Près d'un cancer sur 4 était à un stade d'extension régionale chez les patients de moins de 75 ans.
Par la suite, le rapport précise qu'il sera possible pour la cible des 50-74 ans à risque moyen « d'estimer les parts attribuables au DO en confrontant les données des registres à celles des programmes de dépistage ».
Pour le cancer du rectum (4 696 cas inclus), plus d'un cancer sur 2 est diagnostiqué à un stade d'extension locale chez les 15-39 ans (57 %) et les 50-74 ans (51 %). Les cancers diagnostiqués à un stade avancé sont plus fréquents chez 56 % des patients le plus âgés contre 39 % des 50-74 ans. Les patients âgés de 50 à 74 ans et les > 74 ans représentaient près de la moitié de la population étudiée. Et les cancers diagnostiqués à un stade avancé sont plus fréquents chez les > 74 ans (42 %). Près des deux tiers (65 %) des patients âgés de 50 à 74 ans ont reçu un traitement néoadjuvant.
De façon globale, l'étude relève une stabilité dans la répartition des stades au cours des 4 années. De plus, aucune différence importante de répartition des stades n'est apparue entre les hommes et les femmes pour les cancers du côlon et du rectum.
Ces résultats dédiés aux cancers du sein, du côlon et du rectum ne sont que le premier volet d'une étude plus large sur plusieurs cancers, et seront suivis d'autres publications sur le mélanome cutané, les cancers de la prostate et de la thyroïde (fin 2018) et sur le cancer du col de l'utérus (2019).
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