LES BÊTABLOQUANTS pourraient être proposés dans le traitement de plaies cutanées chez les individus soumis à un stress élevé. On savait déjà que le stress ralentissait la guérison des plaies par le biais d’une élévation de la cortisolémie. Récemment, des chercheurs californiens ont montré que l’adrénaline est une autre voie du stress impliquée dans les retards de cicatrisation cutanée. Raja Sivamani et coll ont montré que lors d’un stress l’élévation du taux hormonal activait les récepteurs ß2 adrénergiques (ß2AR) exprimée par les kératinocytes. En testant les bêtabloquants chez la souris, l’équipe a pu constater que l’administration de ces molécules améliorait la réépithélialisation des zones de peau brûlée. Le mécanisme mis en jeu serait que l’adrénaline, en activant les récepteurs ß2AR des kératinocytes, bloquerait la migration cellulaire et la réépithélialisation.
Cicatrisation ex vivo et in vivo.
Le rôle de l’adrénaline dans la migration des kératinocytes a été étudié dans des cultures cellulaires humaines exposées à des taux hormonaux comparables à ceux mesurés dans le sang de grands brûlés. Pour étudier la relation entre l’adrénaline et les récepteurs ß2AR, des kératinocytes murins dépourvus de ces récepteurs par manipulation génétique ont été utilisés. Des fragments de peau humaine obtenue à partir de plastie abdominale et de réduction mammaire ont permis de mesurer ex vivo la cicatrisation de brûlures dans des milieux pauvres ou riches en adrénaline. Pour tester l’effet des bêtabloquants, les chercheurs ont choisi un modèle in vivo chez des souris. De petits dispositifs relarguant des bêtabloquants leur étaient implantés pour étudier l’évolution des brûlures. L’immunohistochimie et l’immunotransfert ont permis d’examiner la régulation de la synthèse des catécholamines au sein des tissus altérés. Spécifiquement utilisée pour l’adrénaline, la technique d’immunodosage a permis de doser l’hormone dans les tissus et dans le sang.
Les récepteurs ß2AR.
Si le milieu de culture cellulaire contient de l’adrénaline, le taux de migration des kératinocytes est significativement diminué, de 76 % pour les cellules humaines et de 36 % pour les cellules murines. La réépithélialisation des brûlures sur les cultures tissulaires est retardée de 23 % (intervalle de confiance à 95 %, 10 %-36 %, p = 0,001). Cette atteinte de la mobilité des kératinocytes est réversible par les antagonistes des ß2AR ; elle est absente au sein du modèle de kératinocytes n’exprimant pas de récepteurs ß2AR. L’activation de ces récepteurs se traduit en effet par un phénotype de cellules non migrantes, en stabilisant le cytosquelette et en augmentant l’adhésion locale.
Sur des échantillons de peau humaine, une brûlure provoque une augmentation rapide de l’expression de l’enzyme permettant la synthèse locale d’adrénaline. La concentration tissulaire de l’hormone est ainsi multipliée par 15. In vivo chez des souris brûlées sur 20 % de leur surface corporelle, l’administration systémique de bêtabloquants a significativement augmenté la réépithélialisation des zones brûlées (44 %, intervalle de confiance à 95 % 27 %-61 %, p‹ 0,00000001).
Jusqu’à présent, seuls l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien et celui médiée par les glucocorticoïdes étaient mis en cause. La réponse locale neuroendocrine au stress jouerait également un rôle dans les retards de cicatrisation. Ces résultats n’excluent pas pour autant que l’adrénaline à un taux basal soit nécessaire à certaines composantes de la cicatrisation, inflammatoire, vasculaire ou sur les fibroblastes.
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